"C’est le drapeau de la résistance": malgré l'interdiction, La Courneuve assume le drapeau palestinien

Après presque deux ans de guerre dans la bande de Gaza, la France va reconnaître ce lundi l'existence d'un État de Palestine. Comme promis, Emmanuel Macron doit l'officialiser ce lundi soir, devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Une prise de parole qui vaudra immédiatement reconnaissance.
À cette occasion, le patron du PS Olivier Faure a appelé les maires à hisser le drapeau palestinien sur les façades des mairies, créant la polémique. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire s'y oppose. En effet, Bruno Retailleau a donné pour consigne aux préfets de saisir la justice administrative si des maires font flotter ce drapeau.
La justice s’est également prononcée, notamment le tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui a ordonné samedi à la mairie de Malakoff de retirer son drapeau. La maire communiste a fait savoir qu'elle ne comptait ni interjeter appel ni retirer le drapeau avant mardi.
Des villes prêtes à braver l'interdiction
D'autres mairies ont fait le choix de hisser le drapeau palestinien, dans au moins 21 communes au total ce lundi selon le ministère de l'Intérieur, comme à la Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Perché sur le balcon de sa mairie, le maire communiste de la Courneuve, Gilles Poux, est prêt à installer le drapeau de la Palestine. “On va le hisser ici, à côté du drapeau français. C’est le drapeau de la résistance d'un peuple qui dit ‘moi aussi je suis là et j'ai besoin de vivre tout simplement’", indiquait-il dimanche soir. Il va le hisser malgré l'opposition du ministère de l'Intérieur, et les consignes données aux préfets.
“Ça fait tellement longtemps qu’on se bat que le fait que la France reconnaisse enfin l’Etat palestinien, c’est une vraie avancée. Et moi, je voulais marquer ce moment-là, cette célébration”, indique-t-il.
"Celui qui tend aujourd’hui la situation c’est Bruno Retailleau"
Face à la polémique et l'opposition du ministre de l'Intérieur, Gilles Poux répond sur RMC ce lundi:
“La question de la neutralité, ça n’existe pas. Une collectivité ce n’est pas neutre, les valeurs que portent la République ne sont pas neutres. Donc parler de neutralité c’est une véritable hypocrisie. Et celui qui tend aujourd’hui la situation c’est Bruno Retailleau en ayant cette posture combattante. C’est à se demander s’il n’est pas contre la décision du président de la République", appuie-t-il.
Pour lui, hors de question d'afficher les drapeaux israéliens et palestiniens côte-à-côte. "Il ne faut pas être hypocrite. Aujourd’hui qui est agressé? Qui est sous les bombes à Gaza? Qui est en voie d’extermination? Ce sont les Palestiniens. Israël est un état et je le respecte complètement. Mais aujourd’hui la question c’est: est-ce qu’il va y avoir un jour un Etat pour le peuple palestinien, pour qu’il puisse vivre libre. Et donc si c’est ça la question, la solidarité elle doit être avec le peuple palestinien", explique-t-il, ajoutant qu'il laissera même ce drapeau palestinien "quelques jours" sur le fronton.
"Ca prouve que notre maire est contre le génocide"
Une initiative soutenue par une partie des habitants de la commune. “C’est symbolique, c’est pour vraiment valoriser la décision d’Emmanuel Macron”, confie une habitante. “Moi je suis très fier, ça prouve que notre maire est contre le génocide”, ajoute un autre. “Ce n’est pas que quelque chose de politique, c’est quelque chose d’humain. On se sent bien, on se dit que notre pays représente certains de nos valeurs à commencer par notre ville”, affirme de son côté Kalthoume.
A Paris, la Tour Eiffel comme support pour les drapeaux palestinien et israélien
Mais il y a débat ici, et certains doutent. “Ça me dérange. Oui il faut une bataille pour une reconnaissance, mais ce n’est pas le lieu”, estime Denise.
“Mettre le drapeau pour moi, c’est trop. On a déjà assez de problèmes en France, il ne faut pas ramener des problèmes dont on n’a pas besoin”, appuie Viviane.
D'autres villes ont aussi décidé de braver l'interdit comme Nantes, Grenoble, ou Lille. À Paris, les drapeaux palestinien et israélien ont été projetés dimanche soir sur la tour Eiffel. Entre les deux, une colombe tenant dans son bec un rameau d'olivier.

"Paris soutient" la reconnaissance de l'Etat palestinien et "réaffirme son engagement pour la paix", a commenté la maire de Paris Anne Hidalgo. Un pavoisement qui n'avait pas été annoncé.