L’Ukraine autorisée à frapper la Russie avec des missiles américains: ce que ça change

Joe Biden autorise les Ukrainiens à frapper sur le sol russe avec des missiles américains. Une annonce dont rêvait Kiev, qu’elle attendait. Les Etats-Unis, comme l’Union européenne, étaient frileux. L’Ukraine a désormais le feu vert et Volodymyr Zelensky s’en est réjoui.
Ces missiles américains qui pourront franchir la frontière, ce sont les ATACMS (Army Tactical Missile Système). Les MGM-140 ATACMS sont des missiles qui sont tirés depuis le sol, chargés de 170 kg d’explosifs. Ils volent quasiment à la vitesse du son et sont équipés d’un système GPS. Ils peuvent atteindre des cibles à 300 km de distance avec une grande précision. Jusqu’à présent, les Ukrainiens n’avaient le droit de les utiliser que sur leur sol. Désormais, Kiev pourrait atteindre des sites logistiques, des aérodromes d’où décollent des bombardiers russes, dans la région frontalière de Koursk en particulier.
L’autorisation intervient alors que Joe Biden va quitter la Maison Blanche. Il n’a plus que quelques semaines à passer aux commandes. Mais jusqu’au 20 janvier prochain, c’est bien lui qui décide. Donald Trump ne peut que préparer son intention de résoudre le conflit en 24 heures, comme il l’a promis. Washington pourrait alors pousser les deux parties à négocier et l’Ukraine à accepter les prises de guerre de la Russie sur son territoire. Avec cette annonce, l’Ukraine ne va pas renverser la vapeur, mais mieux résister aux assauts russes.
Des milliers de soldats nord-coréens au soutien de la Russie
Peut-on parler de tournant dans la guerre? Immanquablement, c’est une rupture avec la façon dont nous, occidentaux, avons fait face à la Russie jusqu’à présent. Depuis deux ans, nous employons un terme nouveau dans notre vocabulaire: "co-belligérance". Jusqu’à présent, Vladimir Poutine a toujours affirmé qu’une telle décision signerait "une entrée en guerre des pays de l’OTAN contre la Russie". Le Kremlin estime ce lundi que Joe Biden "jette de l'huile sur le feu" en autorisant les tirs de missiles en Russie.
Au 999e jour de cette guerre, la donne a changé. C’est sans doute le déploiement de soldats nord-coréens qui a achevé de convaincre Joe Biden, selon le New York Times. Ces 8.000 à 10.000 soldats sont précisément déployés dans la région de Koursk.
Les Américains sont, de très loin, le premier fournisseur de missiles à l’Ukraine. Mais va-t-on suivre, en Europe? Les Français et les Anglais ont déjà livré des missiles longue portée, Storm Shadow et Scalp. Ils ont une portée légèrement moindre, 250 km. Nous autorisions l’Ukraine à viser des cibles russes en Crimée et en mer Noire. L’Allemagne s’est toujours refusée à livrer ses missiles Taurus, que Volodymyr Zelensky réclamait inlassablement.
Cette annonce conclut un week-end des plus durs sur le front… La Russie a frappé sans retenue, alors que le président ukrainien avait employé un ton inédit samedi. "Nous devons tout faire pour que cette guerre prenne fin l'année prochaine. Nous devons y mettre fin par des moyens diplomatiques", a-t-il affirmé. Réponse de la Russie, dimanche matin: une série de frappes, un déploiement de puissance qu’on n’avait pas vu depuis l’été, avec 120 missiles, 90 drones. Les infrastructures ferroviaires ont été touchées. Mais surtout, visé dans tout le pays, le réseau électrique ukrainien est ravagé. L’hiver va débuter et on sait que les conditions climatiques figent le front dans la région.