La Royal Navy exclut la présence d'un sous-marin non identifié: saura-t-on un jour la vérité sur le "Bugaled Breizh"?

Un haut-gradé de la Royal Navy a jugé "impensable" qu'un sous-marin militaire allié ait pu se trouver dans la zone du naufrage du Bugaled Breizh en 2004 sans avoir signalé sa présence, mardi devant la justice britannique.
Depuis début octobre, la Haute Cour de Londres tente de déterminer les causes du naufrage de ce chalutier breton, survenu le 15 janvier 2004 alors qu'il pêchait au large des Cornouailles. Les cinq membres de son équipage avaient péri.
Alors qu'un sous-marin militaire britannique, le Turbulent, est soupçonné par les familles des victimes de s'être pris dans les filets du chalutier, un responsable des opérations sous-marines de la Royal Navy, le commandant Daniel Simmonds, a réaffirmé mardi que le bâtiment se trouvait à quai, à Devonport, à Plymouth, dans le sud-ouest de l'Angleterre.
Selon lui, ce sous-marin nucléaire d'attaque devait prendre part à des exercices de l'Otan prévus dans la zone à partir du 16 janvier, mais n'a pu le faire en raison d'une avarie. Il a aussi estimé "impensable" qu'un sous-marin allié ait pu se trouver dans le secteur assigné aux exercices, qui impliquaient les marines de plusieurs pays, sans avoir notifié sa présence.
Quand la piste d'un sous-marin de l'US Navy avait été évoquée en 2016, les États-Unis avaient réfuté.
Tout aussi "impensable", selon l'officier, serait de falsifier le journal de bord d'un sous-marin ou les documents relatifs à ses mouvements: cela constituerait un "manquement grave" de nature à "éroder la confiance" entre pays alliés.
Depuis le début, les familles estiment que le Bugaled Breizh a coulé après avoir été accroché par un sous-marin. Des exercices de la Marine britannique étaient aussi programmés le jour du drame - sans sous-marins, selon Daniel Simmonds.
En France, une longue procédure judiciaire, clôturée en 2016, n'avait pu trancher entre l'hypothèse d'un sous-marin et celle d'un accident de pêche.
Communications officielles à l'appui, le commandant Simmonds a répété que seuls trois sous-marins se trouvaient en mer quand le Bugaled Breizh a sombré (l'allemand U22, le néerlandais Dolfijn et le britannique Torbay). Il a exclu que l'un d'eux ait pu se trouver à moins de cinq milles nautiques du chalutier. Interrogée lundi, la Marine néerlandaise avait exclu toute implication du sous-marin Dolfijn, assurant qu'il naviguait en surface quand l'accident est survenu.
La justice britannique doit entendre dans l'après-midi l'ancien commandant du Turbulent, Andrew Coles.