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Liban: pourquoi la communauté internationale semble si impuissante

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Alors que les bombardements israéliens continuent dans le sud du Liban, et que le Hezbollah a répliqué avec un tir de missile vers Tel Aviv ce mercredi matin, personne n’arrive à faire cesser les hostilités.

Le Liban est au cœur des préoccupations de l’assemblée générale des Nations Unies, qui se tient cette semaine à New York. Mais pourquoi la communauté internationale semble-t-elle si impuissante? "Le monde ne peut se permettre de voir le Liban se transformer en nouveau Gaza" alertait d’entrée le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Avec la crainte d’un embrasement général dans la région. Et le "machin" comme disait de Gaulle, l’Organisation des Nations Unies, est à bout de souffle devant l’escalade…

L’ambassadeur israélien à l’ONU dénonce l’hypocrise de l’assemblée générale de l’ONU, qui n’empêche pas les tirs de roquettes vers son pays. Le président turc Recep Tayyip Erdogan parle d’une "structure dysfonctionnelle". "Le système de l’ONU meurt à Gaza", dit-il à la tribune. L’ONU, c’est une chose. Mais on se tourne aussi vers les alliés des deux camps.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Expliquez-nous par Matthieu Belliard : Liban, que peut faire la communauté internationale ? - 25/09
3:12

Les Américains dans l'attente

Les Américains, d’abord. L’allié d’Israël dont il faut sans doute relativiser le poids ces derniers temps. Washington n’a de cesse d’appeler à une désescalade. Encore ce mardi, alors que Joe Biden faisait ses adieux à la tribune de l’ONU. Et signe de la perte d’influence américaine sur la situation: alors même que Joe Biden s’exprimait à l’ONU, Benyamin Netanyahou annonçait en vidéo la poursuite des opérations contre le Hezbollah.

L’explosion des bipeurs et des talkies-walkies la semaine dernière, qu’Israël n’a ni reconnue ni démentie, survenait déjà alors que le secrétaire d’Etat américain était au Caire pour négocier au sujet de Gaza. Clairement, les Etats-Unis ont une voix cassée, qui porte moins, jusqu’à l’élection présidentielle. Entre des démocrates qui n’empêchent pas leur allié israélien et un Donald Trump qui soutient Benyamin Netanyahou.

Les Iraniens affaiblis

Du côté du Hezbollah, l’allié indéfectible, c’est l’Iran. La maison-mère, peut-on même dire. Et c’est intéressant car là aussi, on peut relativiser le poids de l’allié. Téhéran soutient bien sûr le Hezbollah et dénonce l’inaction de l’ONU. Mais l’Iran se veut moins menaçant: "Nous savons mieux que quiconque que si une guerre plus importante devait éclater, cela ne bénéficierait à personne dans le monde". On dirait du Joe Biden. Plus que de modération, on peut aussi parler de signes de faiblesse. Rappelons qu’en avril, l’Iran lançait une vaste attaque de drones sur Israël: un échec. Le chef du Hamas tué à Téhéran, c’est un autre échec.

Mais c’est bien vers l’Iran qu’Emmanuel Macron se tourne. Le président français a rencontré son homologue iranien ce mardi à New York. Il l’appelle à soutenir une désescalade générale au Proche-Orient. Et il demande à Téhéran de "cesser son soutien aux acteurs déstabilisateurs". En réalité, le Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran, entraîne le Liban dans la guerre. "Le cauchemar devient réalité" lisait-on ce mardi à la une du journal libanais francophone L’Orient le Jour. "Le Hezbollah dévore le Liban de l’intérieur. Israël promet de l’annihiler depuis l’extérieur", peut-on lire dans un édito. A l’ONU, "des dirigeants supplient d'éviter une guerre totale au Liban". C’est le titre d’une dépêche AFP. Le verbe "supplier" en dit long sur le poids réel de l’ONU.

Ce mercredi matin, les hostilités ont repris. Les bombardements vers le Liban, d’une part. On parle d’un demi-million de réfugiés en fuite sur les routes du pays. Les morts se comptent par centaines, parmi lesquels des cadres du Hezbollah mais aussi beaucoup de civils. A Tel Aviv, les sirènes d’alerte ont retenti. Un missile libanais a été intercepté. L’ambassadeur d’Israël à l’ONU affirmait que l’Etat hébreu n’a "aucun désir" d’intervenir au sol au Liban. Faut-il comprendre ‘pour le moment’? Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit ce mercredi.

Matthieu Belliard