Niger: feu vert de la Cédéao pour l'usage de la force, inquiétude sur le sort du président Bazoum

Le président français Emmanuel Macron (D) et le président élu du Niger Mohamed Bazoum, le 23 juin 2023 à Paris (illustration). - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Après le feu vert de pays ouest-africains à l'usage de la force pour rétablir le président Mohamed Bazoum renversé par un coup d'Etat au Niger, les inquiétudes sur son sort et ses conditions de détention se font de plus en plus grandes ce vendredi.
L'Union européenne a exprimé sa "profonde inquiétude" face à "la détérioration des conditions de détention" de Mohamed Bazoum, retenu prisonnier avec sa femme et son fils, depuis le putsch qui l'a renversé le 26 juillet.
Le président Bazoum et sa famille "seraient, selon les dernières informations, privés de nourriture, d'électricité et de soins depuis plusieurs jours (...) rien ne permet de justifier un tel traitement", selon le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
"Il va bien, mais les conditions sont très difficiles", a confirmé à l'AFP un de ses proches en précisant que les putschistes ont brandi "la menace" de s'en prendre à lui en cas d'intervention militaire.
Selon l'ONG Human Rights Watch, qui s'est entretenue avec le président déchu, ce dernier a décrit le traitement de sa famille comme "inhumain et cruel", disant ne pas avoir d'électricité depuis le 2 août, ni aucun contact humain depuis une semaine.
"Une force en attente" d'intervention
Les militaires au pouvoir à Niamey "gardent le président Bazoum en otage. Je trouve, personnellement, que c'est un acte terroriste", avait de son côté dénoncé le président ivoirien Alassane Ouattara.
Il s'exprimait en marge d'un sommet des dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) à Abuja qui a décidé jeudi de déployer une "force en attente" pour restaurer l'ordre constitutionnel au Niger.
Selon le chef d'État ivoirien, qui a promis d'envoyer entre 850 et 1.100 soldats, cette force devrait pouvoir intervenir "dans les plus brefs délais". Des troupes nigérianes et béninoises doivent également la composer, selon lui.
Une réunion des chefs d'état-major de la Cédéao aura d'ailleurs lieu ce samedi 12 août, au Ghana, selon des sources militaires régionales à l'AFP. Le régime militaire de Niamey n'avait pas encore réagi à cette décision à l'heure d'écrire ces lignes.
La Cédéao soutenue par la France
La Cédéao qui espère toutefois toujours parvenir à une résolution pacifique de la crise, n'a précisé aucun calendrier, ni le nombre ou l'origine des militaires composant cette "force en attente".
Les décisions de la Cédéao ont reçu le "plein soutien" de la France qui a réitéré "sa ferme condamnation de la tentative de putsch en cours au Niger, ainsi que de la séquestration du président (Mohamed) Bazoum et de sa famille".
Du côté américain, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré que les Etats-Unis soutenaient "le leadership et le travail de la Cédéao" pour le "retour à l'ordre constitutionnel". "Les Etats-Unis apprécient la détermination de la Cedeao à explorer toutes les options pour une résolution pacifique de la crise", a-t-il ajouté par la suite.
Les Etats-Unis et la France avaient fait du Niger un pivot de leur dispositif dans la lutte contre les jihadistes armés qui sèment la mort dans un Sahel déstabilisé.
Le bloc ouest-africain n'écarte pas la voie diplomatique pour rétablir Mohamed Bazoum. A l'issue du sommet d'Abuja, le président du Nigeria Bola Tinubu, qui assure la présidence tournante de la Cédéao, a dit espérer "parvenir à une résolution pacifique", ajoutant qu'un recours à la force en "dernier ressort" n'était pas exclu.