Niger: Macron assure que l'ambassadeur de France n'est pas parti malgré l'ultimatum des putschistes

Emmanuel Macron, le 21 juin 2023, à Paris - BERTRAND GUAY / AFP
L'ambassadeur de France au Niger est toujours en poste. C'est ce qu'a assuré ce lundi Emmanuel Macron lors d'une rencontre annuelle avec les diplomates français. "La France et les diplomates ont été confrontés ces derniers mois à des situations dans certains pays particulièrement difficiles, que ce soit au Soudan où la France a été exemplaire, au Niger en ce moment même et je salue votre collègue et vos collègues qui écoutent depuis leur poste", a lancé le président de la République depuis l'Elysée à l'occasion d'un discours aux ambassadeurs .
Les militaires qui se sont emparés du pouvoir au Niger le 26 juillet, et retiennent prisonnier depuis le président renversé Mohammed Bazoum au palais présidentiel, ont pris la France, l'ex-puissance coloniale, pour cible privilégiée.
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) au pouvoir, avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani, a demandé vendredi soir le départ de l'ambassadeur de France en poste à Niamey, Sylvain Itté. Le CNSP a également dénoncé les accords militaires entre Niamey et Paris.
Des milliers de personnes favorables au coup d'Etat ont manifesté dimanche à proximité de la base militaire française à Niamey, brandissant des pancartes demandant notamment le départ des troupes françaises.
"Épidémie de putschs"
Mais la France oppose une position de fermeté, arguant qu'elle ne reconnaît pas le régime militaire. "Les putschistes n'ont pas autorité" pour demander le départ de l'ambassadeur, a ainsi fait savoir le ministère des Affaires étrangères vendredi soir. Paris soutient aussi la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) dans toute action pour rétablir l'ordre constitutionnel au Niger.
Face aux diplomates ce lundi, le président français Emmanuel Macron a réfuté tout "paternalisme" mais aussi toute "faiblesse" de la France en Afrique alors que le Sahel fait face à une "épidemie de putschs", dernièrement au Niger.
"Ni paternalisme, ni la faiblesse parce que sinon on n'est plus nulle part", a-t-il dit aux ambassadeurs à l'Elysée, en appelant aussi les pays du Sahel à avoir une "politique responsable" en la matière. "La faiblesse que d'aucuns ont montrée à l'égard des putschs précédents a nourri des vocations régionales. Il y a une épidémie de putschs dans tout le Sahel", a-t-il déploré.
Quatre Français détenus en Iran "dans des conditions inadmissibles"
Devant les ambassadeurs, Emmanuel Macron en a profité pour appeler à la libération des quatre Français détenus "dans des conditions inadmissibles" en Iran. Les quatre Français détenus par Téhéran sont Louis Arnaud, depuis septembre 2022, une enseignante française, Cécile Kohler, et son compagnon Jacques Paris, arrêtés en mai 2022 pour "espionnage", et un autre dont l'identité n'a pas été dévoilée.
Un autre Français, Benjamin Brière, et un ressortissant franco-irlandais, Bernard Phelan, dont l'état de santé s'était fortement dégradé, avaient eux été libérés en mai dernier pour "raisons humanitaires".
"La France continuera d'avoir une politique claire. Aucune faiblesse", a dit le président français, en soulignant que les quatre ressortissants français actuellement dans des prisons iraniennes étaient "détenus de manière arbitraire". La France, comme d'autres Etats, dénonce "une diplomatie d'otages" de la part de l'Iran, qui consiste à arrêter des ressortissants occidentaux en vue d'obtenir des concessions comme la libération de ses propres ressortissants.