Pourquoi les grèves se multiplient dans le milieu des transports en Europe
Les appels à la grève se multiplient dans le secteur des transports en Europe. Et cela pourrait être le prélude d’un été chaotique dans les gares et les aéroports. Ce grand désordre a commencé mardi en Grande-Bretagne. Les cheminots ont entamé une grève comme le pays n’en avait plus connu depuis 30 ans. 40.000 grévistes dans les différentes compagnies ferroviaires. Le mouvement va se poursuivre ce mercredi, puis jeudi et au-delà, s’il le faut.
Les revendications sont nombreuses. Les syndicats protestent contre la suppression, décidée par le gouvernement, de plusieurs milliards de subventions pour entretenir le réseau ferré. Mais s'ajoutent aussi maintenant des revendications salariales. Et notamment une demande de hausse de salaire d’au moins 7 % pour compenser l’inflation galopante. En attendant, 4 trains sur 5 ont été annulés mardi. Le mouvement perturbe les épreuves de l'équivalent du bac, il va gêner aussi l'accès au concert géant que les Rolling Stones doivent donner samedi à Hyde Park, à Londres.
Et ce n’est pas la seule grève actuellement en Europe. La liste est assez longue. Une grève est prévue dès jeudi et surtout vendredi dans les transports en Île-de-France, à la SNCF et à la RATP. Toutes les lignes de RER sont concernées, ce qui va perturber l'accès au Stade de France pour la finale du Top 14 de rugby. Les revendications portent sur l’organisation du travail, et sur les salaires-là encore.
Il y a également eu une grève cette semaine en Belgique dans le secteur aérien. Le personnel de l’aéroport de Bruxelles et de deux compagnies aériennes, Ryanair et Brussels Airlines se sont mis en grève cette semaine. Ryanair a été touché également par des mouvements sociaux en Espagne et au Portugal. Et en France, les employés des aéroports parisiens menacent d’une nouvelle grève à partir du 1er juillet pour réclamer des hausses de salaire.
Pénurie de personnel dans le secteur aérien
C’est pour cela qu’on nous alerte sur des risques de chaos cet été dans les aéroports. On a déjà vu, ces dernières semaines, des files d’attente interminables, des queues jusqu'à l'extérieur des terminaux à Londres. À Amsterdam, en mai, une gigantesque bagarre a éclaté devant les postes de contrôle des bagages parce que l’on a soudain fermé plusieurs files, et que des passagers se sont énervés. Ils se sont battus entre eux, puis avec les agents de la sécurité, et même avec la police. Et dans le chaos, des passagers sont finalement passés sans contrôle de leur bagage au rayon X. Pour ne pas que cela se reproduise, l’aéroport de Schiphol a décidé d’un quota maximal de 70.000 passagers par jour cet été. Ce qui va entraîner l’annulation de centaines de vols tous les jours.
Les compagnies Easyjet et Lufthansa ont aussi annoncé l’annulation de milliers de vols, notamment à cause de la pénurie de pilotes.
Et c’est d’ailleurs une constante dans le milieu aérien, un manque de personnel criant. Les aéroports par exemple ne parviennent pas à recruter des bagagistes et des agents de sécurité. Des personnels qui, partout en Europe, ont été licenciés pendant la crise du Covid lorsque les avions étaient cloués au sol. Et aujourd’hui, on a du mal à les faire revenir, parce que ce sont des métiers ingrats avec des horaires de nuit et du travail le week-end.
Les aéroports français s’en tirent un peu mieux que leurs concurrents européens parce qu’ils ont moins licencié, grâce à notre système de chômage indemnisé. Malgré tout, ils cherchent désespérément 4.500 salariés pour cet été.
Et cela survient dans un contexte de forte reprise du trafic aérien. C’est ce qui n’avait pas été anticipé. Que les Européens auraient une aussi forte envie de voyager après deux ans de confinements et de restrictions. Il y a un même terme en anglais, on parle du “revenge travel”. On est déjà quasiment revenu au niveau d’activité de 2019, l'année d’avant le Covid. Un retour à la normale que l’on attendait pour 2023 ou 2024 et qui est intervenu en six mois seulement.