Qui est le soldat russe Vadim Chichimarine, condamné à la perpétuité pour crime de guerre?
Vadim Chichimarine, le premier soldat russe jugé pour crime de guerre en Ukraine, a été condamné à la prison à perpétuité. Ce procès historique n’est sans doute que le début d’une terrible série puisque l’Ukraine a déjà ouvert pas moins de 12.000 enquêtes pour crimes de guerre.
Le sergent Vadim Chichimarine a 21 ans. Il est originaire d’Irkoutsk, la ville du célèbre danseur russe Rudolf Noureev en Sibérie centrale, au nord du lac Baïkal, non loin de la Mongolie. Il y a un peu plus d’un an, il quitte sa mère et ses quatre frères et sœurs pour rejoindre Moscou, à 4200 km de là, où il va travailler dans un magasin de pneus. Quelques semaines plus tard, il décide de s’engager dans l’armée russe. Imaginait-il alors se retrouver au front et au combat en Ukraine? Sans doute pas. De sa cellule, il a d’ailleurs appelé les Russes à se rebeller contre Poutine. “Sortez dans la rue”, a-t-il lancé, “Nous sommes 140 millions de Russes. Ils ne pourront pas mettre 140 millions de personnes en prison”.
Son visage juvénile et son look d’adolescent, cheveux ras, sweat-shirt à capuche, dans son box de verre, restera assurément l'une des images symboles de cette guerre. A 21 ans, il commandait pourtant une petite unité au sein d’une division de chars et il a tiré sur un civil désarmé de 62 ans, Oleksandre Chelipov, qui poussait son vélo tout en téléphonant. Les faits se sont déroulés au cours des premiers jours de l’invasion russe dans la région de Soumy, près du village de Choupakhivka dans le nord-est du pays.
Des représailles russes?
Dès le début du procès, il a plaidé coupable et n’a jamais contesté les faits. Pendant son procès, il a même demandé pardon à la veuve de la victime. Il a dit avoir reçu l’ordre de tirer et avoir refusé une première fois d’obéir. Il a été arrêté alors qu’il fuyait avec quatre autres militaires à bord d’une voiture volée. Il a été reconnu coupable de crime de guerre et de meurtre prémédité et condamné à la prison à vie, c’est-à-dire la peine maximale.
Avant l’audience, le Kremlin s’était déclaré “inquiet” pour le sort de ce citoyen russe. Inquiet aussi ne pas pouvoir lui porter assistance sur place en raison de l’absence de représentation diplomatique. “Le sort de chaque citoyen russe a pour nous une importance capitale”, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, comme une menace. Des députés russes ont déjà demandé, en représailles, de juger “les criminels de guerre ukrainiens” et de les condamner à mort.