Qui est Stéphane Israël, qui a signé le plus gros contrat de l'histoire du programme Ariane?
Stéphane Israël, le PDG d'Arianespace, a annoncé mardi depuis le Colorado, la signature du plus gros contrat de l’histoire d'Arianespace. Amazon a réservé 18 lancements de la fusée Ariane 6, pour mettre en orbite plusieurs centaines de petits satellites de la constellation Kuiper. C’est une constellation qui doit assurer la diffusion d'internet à haut débit partout sur la planète d’ici 2030.
C’est un projet concurrent de celui d’Elon Musk, le créateur de Space X et de Tesla. Jeff Bezos est en retard sur son rival et ennemi Elon Musk, mais il compte se rattraper. Il a donc signé mardi, après deux ans de négociation, un contrat de plusieurs milliards d’euros avec Arianespace. Ariane 6 se partagera le marché avec trois autres fusées américaines.
C’est aussi une revanche pour Stéphane Israël. Fils d’un prof de droit et d’une psychanalyste, il a le parcours parfait des élites françaises. Khâgne à Henri 4 à Paris, normal sup, agrégé d’histoire, l’Ena pour arriver à la Cour des comptes. Il s’engage à gauche, milite très jeune à SOS racisme, devient collaborateur de Laurent Fabius, fait des allers-retours entre le public et le privé. Travail chez Airbus et à Bercy comme directeur de cabinet d’Arnaud Montebourg. Et finalement, à 41 ans, il est nommé président d’Arianespace. Une nomination jugée politique à l’époque.
Prochaine étape un vol habité?
Et très vite, Stéphane Israël lance le programme Ariane 6. La fusée de l’avenir capable de faire des doubles lancements, c'est-à-dire de placer deux satellites sur deux orbites différentes. Sauf que le programme a pris deux ans de retard. Le premier lancement n’est prévu qu'à la fin de cette année. Et sauf qu'entre-temps, Elon Musk a réussi le pari des fusées réutilisables.
On disait donc Ariane 6 dépassée avant même son entrée en service, trop chère. On disait que le programme ne serait jamais rentable. Mais en signant le contrat mardi, Stéphane Israël a fait taire tous ses détracteurs. Ariane 6 a de l’avenir et un carnet de commandes plein pour plusieurs années.
Le PDG d'Arianespace a maintenant un autre rêve: un vol habité. Il voudrait qu’un jour, un Thomas Pesquet décolle non pas de Floride dans une fusée d’Elon Musk mais de Guyane dans une fusée européenne.