Russie: qui est Vladimir Kara-Mourza, l'opposant condamné à 25 ans de prison?

Il est l'un des opposants les plus connus et respectés de Russie. Proche de Boris Nemtsov, assassiné en 2015 au pied du Kremlin. Proche d'Alexeï Navalny, empoisonné dans un avion et aujourd’hui en prison. Et proche du milliardaire Mikhaïl Khodorkovski, qui a passé dix ans derrière les barreaux en Sibérie.
Vladimir Kara-Mourza a été arrêté en avril 2022, au début de la guerre en Ukraine, après avoir donné une interview à CNN. Dans cette interview, il a déclaré que le régime russe n’était pas seulement corrompu, kleptocrate et autoritaire, mais qu’il est aussi un régime de meurtrier. Quelques heures après seulement, Vladimir Kara-Mourza voit dans son rétroviseur des hommes en noirs, courir après sa voiture.
Mis en examen pour haute trahison et propagation de fausses nouvelles
Il raconte qu’il a aussitôt compris qu’il allait être arrêté et sans doute condamné à la peine maximale. Ce qui s'est produit. Vladimir Kara-Mourza est mis en examen pour haute trahison et propagation de fausses nouvelles. Il risquait 25 ans de prison et c'est la peine qui lui a été infligée ce lundi à l’issue d’un procès à huis clos. Au moment du verdict, il esquisse un léger sourire. Juste avant d'être embarqué, il fait signe à ses amis dans la salle pour leur dire qu’ils devaient lui écrire en prison.
Des conditions de détention très difficiles
Vladimir Kara-Mourza est condamné à 25 ans dans une colonie pénitentiaire à régime sévère. Sa femme n’a pas pu le voir depuis un an. Elle affirme qu’il n’a pas le droit de s'asseoir sur son lit dans la journée, qu’il a perdu 22 kilos et surtout qu’il souffre de plusieurs pathologies dues à des tentatives d'empoisonnement.
Agé de 41 ans, Vladimir Kara-Mourza était journaliste. A 16 ans, il part vivre en Angleterre avec sa mère. Il obtient alors la double nationalité, russe et britannique. Il a également vécu aux Etats-Unis et collaboré avec des journaux américains. Mais estimant que l’on ne peut s’opposer depuis l’étranger, il rentre à Moscou.
Devant le tribunal, Vladimir Kara-Mourza dit ne rien regretter et continuer à souscrire à chacun des mots qui lui ont valu sa condamnation.