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Sommet Trump-Poutine: le président américain "a besoin d'un succès", estime David Rigoulet-Roze

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Ce vendredi 15 août 2025, Donald Trump et Vladimir Poutine se réunissent en Alaska pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. Des discussions hautement attendues lors desquelles se dérouleront inévitablement des jeux d'ego, analyse au micro de RMC David Rigoulet-Roze.

Donald Trump et Vladimir Poutine se réuniront ce vendredi 15 août 2025 à 21h30 (heure française) en Alaska pour se prononcer, ou non, sur la fin de la guerre en Ukraine.

Le président américain se fait fort de savoir en "cinq minutes" maximum si sa première rencontre en personne depuis 2019 avec le président russe sera un fiasco, ou si elle permettra d'esquisser une issue au plus sanglant conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Si tout se passe bien Donald Trump, qui se rêve en lauréat du Prix Nobel de la paix, assure que "cette rencontre va ouvrir la voie à une autre", à trois, incluant cette fois Volodymyr Zelensky.

"Donald Trump est toujours dans la posture du peace maker, donc il voudrait qu'il y ait un succès", avance David Rigoulet-Roze, chercheur à l'institut français d'analyse stratégique, dans Apolline Matin. Le locataire de la Maison Blanche opterait désormais pour la prudence. Il évoque une probabilité de 25% d'échec lors de ce sommet.

"Il n'est plus du tout dans cette posture où il réglerait le conflit en 48 heures et il voit que la situation est compliqué", ajoute David Rigoulet-Roze.

Une rencontre qui sert Donald Trump

L'objectif de cette rencontre serait la mise en place d'un cessez-le-feu. Encore faut-il que les conditions de chacun se coordonnent.

Les discussions autour de la guerre en Ukraine ne sont pas nouvelles. Ce sommet n'est donc pas nécessairement différent des autres rencontres qui ont déjà eu lieu depuis trois ans, "sauf si Vladimir Poutine ne veut pas que ce soit un échec d'ego pour Donald Trump", avance David Rigoulet-Roze.

3 questions pour comprendre : Guerre en Ukraine, un cessez-le-feu est-il possible ? - 08/08
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Il poursuit: "Il connaît sa psychologie. Le président américain a besoin d'un succès pour se l'attribuer face à son électorat, mais ce n'est pas pour autant qu'il renoncera sur le fond à ses objectifs".

Une rencontre concluante entre les deux hommes serait un bel argument pour Donald Trump, qui prendrait des airs de pacificateur, lui qui rêve depuis des années de recevoir le Prix Nobel de la paix.

Un accord "au détriment de l'Ukraine"?

Mais un accord est-il vraiment possible le 15 août 2025? David Rigoulet-Roze se veut prudent, et évoque l'éventualité d'un cessez-le-feu d'affichage qui ne serait pas nécessairement suivi des faits.

"Sur le terrain, Vladimir Poutine veut faire valoir qu'il y a des gains territoriaux au profit de la Russie et il veut présenter à Donald Trump le fait qu'il y a une rupture de front et qu'en réalité l'Ukraine perd la guerre. Ca suppose que, dans l'urgence, il y a une solution, même si c'est au détriment de l'Ukraine", résume le spécialiste.

Dans le pays en guerre, ce sommet ne convainc pas vraiment. La lassitude et la fatigue s'imposent après plus de trois ans d'affrontements et face aux exigences russes.

Aujourd'hui, 70% des Ukrainiens attendent donc un cessez-le-feu. "C'est d'ailleurs un changement par rapport à 2023 où c'était plutôt 70% des Ukrainiens qui voulaient poursuivre le combat jusqu'à la victoire", indique le géopolitologue Ulrich Bounat au micro de RMC.

Mais la voix de Volodymyr Zelensky ne devrait pas rester lettre morte, prédit l'expert: "Ce cessez-le-feu ne se fera pas sous n'importe quelle condition, les Ukrainiens ne sont pas prêts à brader leur territoire".

Solène Gardré et Mélanie Hennebique