Traité d'Aix-la-Chapelle: la France va-t-elle vraiment céder son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU à l'Allemagne?

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Emmanuel Macron doit signer mardi le traité d’Aix-la-Chapelle. Un texte qui suscite la controverse notamment à cause de certains politiques qui voient en ce texte un traité qui avantage largement l’Allemagne.
Selon Marine Le Pen, la France s’apprête à signer un traité de coopération avec l’Allemagne contraire aux intérêts nationaux, car Paris abandonnerait son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.
De plus, la présidente du Rassemblement national affirme que ce traité est, comme le pacte de Marrakech au mois de décembre, un traité caché, dévoilé trois jours avant sa signature pour que les opposants ne puissent pas réagir à celui-ci.
"Le président de la République fait ses petits coups en douce comme d’habitude", affirme-t-elle. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, dénonce, lui aussi, "un traité caché". "Je vous demande de lire entre les lignes. Je veux vous alerter sur ces mensonges secrets", a-t-il affirmé.
Des affirmations totalement fausses. En effet, ce texte n’évoque absolument pas la composition du Conseil de sécurité de l’ONU. Une telle décision nécessiterait en effet, une révision de la charte des Nations unies.
Pour Hélène Miard-Delacroix, historienne spécialiste de l’Allemagne, interrogée sur RMC, lundi, ces affirmations sont "proprement scandaleuses". Elle affirme que ce traité n’est pas du tout fait en catimini, car il était prévu depuis plusieurs années.
Un traité "utile"
En ce qui concerne l’affirmation que la France abandonnerait son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, l’article 8 est pourtant très clair. Il y est question d’effort conjoint "pour mener à terme des négociations intergouvernementales concernant la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’admission de la République fédérale d’Allemagne en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies est une priorité de la diplomatie franco-allemande".
"C’est un exercice de mathématiques. Actuellement, il y a cinq sièges permanents, on en demande un sixième. Il y a d’ailleurs aussi le Japon et le Brésil qui sont candidats. C’est logique parce que ces sièges de membres permanents ont été donnés aux vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale et à la Chine. On peut considérer qu’on est plusieurs décennies plus tard et que la puissance des pays a changé et l’Allemagne comme le Japon demandent d’avoir une représentation à la hauteur de leur puissance", affirme Hélène Miard-Delacroix.
Selon l’historienne, ce traité est utile parce qu’il "met à jour la coopération lancée par De Gaulle, il ne faut pas l’oublier, et l’adapte aux sujets actuels. Il y va notamment de l’environnement, du développement du numérique... Ce n’est rien abandonner, c’est être plus fort ensemble".