Ukraine: les Européens se réunissent mercredi, la Russie salue la position de Donald Trump

Le président russe Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg le 18 février 2025 - Mikhail Metzel / POOL / AFP
Une trêve à brève échéance dans les combats évoquée lundi à l'occasion de la visite aux États-Unis du président français, un feu vert de la Russie à une participation européenne au règlement du conflit: les alliés de Kiev se prennent à espérer un tournant après plus de trois années de guerre, tout en mettant en garde contre un accord qui équivaudrait à une "capitulation" de l'Ukraine.
Sur le terrain, les forces russes poursuivent leurs frappes. L'armée de l'air ukrainienne a ainsi annoncé mardi avoir abattu 133 des 213 drones envoyés et 6 des 7 missiles de croisière tirés dans la nuit par la Russie sur le territoire ukrainien, les autorités locales faisant état de plusieurs blessés. Le ministère russe de la Défense a de son côté affirmé avoir visé "des infrastructures d'aérodromes militaires" et assuré que "les objectifs" avaient été "atteints".
La Russie, qui s'est emparée de 20% du territoire de l'Ukraine, martèle qu'elle ne cessera les hostilités que lorsque les négociations de paix aboutiront à un résultat qui lui "conviendra": elle réclame notamment une renonciation des Ukrainiens à rejoindre l'Otan et que cinq régions qu'elle occupe entièrement ou partiellement lui soient cédées.
Visioconférence
"En préparation du Conseil européen extraordinaire du 6 mars, j'organise une visioconférence des membres du Conseil européen", a annoncé mardi sur X son président Antonio Costa. Prévu à Bruxelles, ce sommet se déroulera, selon ses termes, à "un moment décisif pour l'Ukraine et la sécurité européenne".
Depuis l'entretien téléphonique qu'ont eu Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine le 12 février, les Européens tentent de préparer une réponse à ces échanges, dont ils ont été jusqu'à présent exclus.
Au cours de ses discussions à la Maison Blanche, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d'apporter des "garanties de sécurité" pour éviter que la Russie ne repasse à l'avenir à l'attaque. "Nous voulons un deal rapide, mais pas un accord qui soit fragile", a insisté le président français.
En parallèle de la rencontre à Washington, les fissures entre Européens et Américains se sont matérialisées de manière spectaculaire à l'ONU où les États-Unis, rejoignant Russes et Nord-Coréens, ont voté contre une résolution réaffirmant le soutien à l'Ukraine et à son intégrité territoriale.
L'occasion pour le Kremlin de saluer mardi, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, la "position beaucoup plus équilibrée" des États-Unis, tout en disant ne pas voir de "signe d'équilibre" chez les Européens.
"D'ici quelques semaines"
Lundi, Emmanuel Macron a tenté d'infléchir la position de Donald Trump, comme le fera jeudi le Premier ministre britannique Keir Starmer. "Nous apprécions que nos partenaires soient prêts pas seulement à continuer, mais aussi à augmenter leur soutien pour notre pays et notre peuple", a déclaré Zelensky mardi soir en précisant qu'il avait eu un entretien téléphone avec Macron.
Depuis son arrivée au pouvoir le 20 janvier, le milliardaire républicain a en effet opéré un revirement dans la politique américaine à l'égard de l'Ukraine. Il a multiplié les invectives à l'encontre de son président Volodymyr Zelensky, lui attribuant notamment la responsabilité de la guerre.
Il a même fait miroiter "des opérations majeures de développement économique" à la Russie, laquelle a souligné mardi l'existence d'un "potentiel assez large" de coopération avec Washington pour développer les importantes réserves de minerais stratégiques en Russie et en territoires ukrainiens occupés.
La guerre en Ukraine pourrait prendre fin "d'ici quelques semaines", a assuré lundi Donald Trump, disant par ailleurs que M. Zelensky pourrait se rendre à Washington "cette semaine ou la suivante" pour parapher l'accord sur l'accès des Américains aux ressources minières ukrainiennes qu'il exige en compensation du soutien militaire à Kiev.
Mardi, un haut responsable ukrainien a affirmé que l'accord, dont Kiev a accepté les termes, pourrait être signé dès vendredi à Washington. Les Américains ont "enlevé toutes les clauses qui ne nous convenaient pas, en particulier les 500 milliards de dollars" que les minerais étaient censés leur rapporter, selon la même source.
Participation européenne
Une nouvelle rencontre entre diplomates russes et américains est prévue pour la fin de la semaine, selon Moscou, après celle du 18 février en Arabie saoudite des ministres des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Marco Rubio.
Pendant ce temps, le Royaume-Uni et la France travaillent à un plan de déploiement d'une force européenne en Ukraine, une fois un accord de paix conclu, afin de dissuader la Russie d'une nouvelle attaque. Ces deux pays espèrent en contrepartie de "solides garanties de sécurité" américaines.
Donald Trump a assuré lundi que Vladimir Poutine accepterait ce scénario. Le chef de l'Etat russe s'est pour sa part simplement dit, le même jour, ouvert à une participation européenne au règlement du conflit : "Les Européens, mais aussi d'autres pays, ont le droit et la possibilité de participer. Et nous respectons cela", a-t-il dit.
D'autant que l'Ukraine aura besoin de 524 milliards de dollars (506 milliards d'euros) pour son redressement et sa reconstruction, selon une nouvelle estimation donnée mardi par la Banque Mondiale.