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Un mouvement de type "gilets jaunes" en Allemagne? Des milliers de tracteurs défilent à Berlin

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Un vent de contestation souffle en Allemagne, réunissant plusieurs colères. L'extrême droite compte en profiter, en vue des européennes.

Plusieurs milliers de tracteurs ont bloqué ce lundi les rues de Berlin, en Allemagne. Les agriculteurs protestent en effet contre les taxes sur le gazole, un mouvement que certains comparent déjà à celui des "gilets jaunes" en France.

Le point commun entre les "gilets jaunes" et ce qui se passe en Allemagne, c’est le point le facteur déclenchant: la fiscalité sur le carburant. Le gouvernement allemand a annoncé le mois dernier la réduction des avantages fiscaux accordés aux agriculteurs pour payer le diesel. Depuis une semaine, les agriculteurs ont multiplié les blocages, jusqu'à ce spectaculaire défilé de tracteurs qui a bloqué la capitale allemande toute la journée du 15 janvier.

Et comme au debut des "gilets jaunes" en France, ce mouvement commence a fédérer d’autres colères. Les agriculteurs protestent aussi contre la bureaucratie, contre les écolos et contre les règles qui interdisent l’utilisation des nitrates.

Dans les rues de Berlin, il y avait aussi des restaurateurs qui protestaient contre la hausse de la TVA, des transporteurs routiers qui ne sont pas contents de l’augmentation du prix des péages... Et des citoyens qui manifestaient leur ras-le-bol sur la question du pouvoir d’achat. Comme sur les ronds-points en France en 2018. Avec tout de même une différence notable: pour l’instant, il n’y a eu aucune violence en Allemagne. Ni de la part des manifestants, ni de la part des forces de l’ordre.

Le gouvernement a commencé à reculer

Le gouvernement a finalement renoncé à une taxe sur les véhicules agricoles, et il a promis d’étaler sur deux ans la suppression des avantages fiscaux des agriculteurs. La hausse du prix du gazole, qui devait être immédiate, sera finalement progressive. Mais cela n’a pas permis de calmer la colère. Lundi, le ministre des Finances, Christian Lindner, est venu lui-même s'adresser aux manifestants, mais son discours a été couvert par les hués et par les cris qui lui demandaient de dégager.

Le gouvernement n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Parce qu’on est en Allemagne, où l'on ne plaisante pas avec les déficits et l'orthodoxie budgétaire. Il y a deux mois, la cour constitutionnelle a invalidé une manœuvre budgétaire qui consistait à récupérer quelques dizaines de milliards d’euros mis de côté pour le Covid. La cour a rappelé les règles et notamment celle du “frein de la dette” qui interdit à un gouvernement de dépasser un niveau d'endettement. Ce rappel à l’ordre oblige le gouvernement d’Olaf Scholz à trouver des économies. Ce qui, forcément, ne va pas le rendre populaire.

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Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : La colère des agriculteurs en Allemagne - 16/01
2:43

Des sommets d'impopularité et une extrême droite qui monte

L’actuelle coalition qui regroupe la gauche, les écologistes et les libéraux est en train d’atteindre des sommets d’impopularité. Un sondage pour le Bild Zeitung indique que 64% des Allemands souhaiteraient un changement de gouvernement. La droite, la CDU, se met à rêver à un retour au pouvoir en cas d'élection anticipée. Mais c’est surtout l'extrême droite qui espère profiter de la situation.

Une extrême droite qui est accusée de noyauter la protestation des agriculteurs, même si les syndicats agricoles s’en défendent. Le chancelier Olaf Sholz s’est dit inquiet de la montée de l'extrémisme. Il dénonce les risques de violences, alors que des groupuscules radicaux appellent effectivement à des émeutes ou à la grève générale.

Tout cela alors que l’AFD, l’équivalent allemand du Rassemblement national, a le vent en poupe. Les sondages lui promettent 23% aux élections européennes du printemps. Ce qui la placerait en seconde position derrière la CDU, et ce qui serait un séisme en Allemagne parce que c'était inimaginable il y a quelques années.

Aux dernières européennes, l'extrême droite avait obtenu 10% des suffrages et déjà, cela avait été un choc.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)