Un pétrolier de la flotte fantôme russe, immobilisé au large de Saint-Nazaire, visé par une enquête

Le parquet de Brest a ouvert une enquête visant un pétrolier sous sanctions européennes pour son appartenance à la flotte fantôme russe, immobilisé au large du parc éolien de Saint-Nazaire, a-t-il indiqué mercredi, confirmant une information du quotidien Ouest-France.
Le pétrolier, baptisé "Pushpa" ou "Boracay" et battant pavillon du Bénin, serait soupçonné d'être impliqué dans les survols de drones ayant perturbé le trafic aérien au Danemark, selon le site spécialisé The Maritime Executive, qui précise que le navire a pu servir de "plateforme de lancement" ou comme "leurre".
La préfecture maritime de l'Atlantique a indiqué "avoir récemment réalisé un signalement au procureur de la République de Brest" concernant ce navire "soupçonné d'être en infraction".
"Une enquête étant ouverte, nous ne pouvons communiquer sur cette affaire", a-t-elle ajouté.
À la suite du signalement, le procureur de Brest, Stéphane Kellenberger, a précisé avoir ouvert une enquête pour "défaut de justification de la nationalité du navire/pavillon" et "refus d'obtempérer". "Les investigations et actes utiles ont été confiés par mes soins, en co-saisine, à la section de recherches de la gendarmerie maritime, ainsi qu'au groupement de gendarmerie maritime de l'Atlantique", a-t-il ajouté, sans plus de précision.
"Des fautes très importantes commises par cet équipage"
La justice s'est donc saisi de l'affaire et le président, Emmanuel Macron, s'en est félicité depuis le Danemark, où il est en déplacement ce mercredi.
“Il y a eu des fautes très importantes qui ont été commises par cet équipage, ce qui justifie que la procédure soit judiciarisé aujourd’hui. Ça manifeste la présence et la réalité d’un phénomène qu’on dénonce depuis longtemps: c’est la lutte contre ces fameuses flottes fantômes.”
Emmanuel Macron, lui, ne fait pas le lien entre ce navire et le survol de drones au Danemark. Il exhorte en revanche les Européens à n'avoir "aucune faiblesse" vis-à-vis de la Russie.
Le navire est sous sanctions européennes pour son appartenance à la flotte fantôme russe, utilisée par la Russie pour contourner les sanctions occidentales contre ses ventes de pétrole, selon une décision du conseil de l'Union européenne du 24 février 2025.
Le pétrolier devait rejoindre Vadinar, en Inde
Construit en 2007, ce pétrolier de 244 mètres de long a changé de nom et de pavillon à de nombreuses reprises, étant alternativement immatriculé au Gabon, aux îles Marshall ou en Mongolie, selon le site www.opensanctions.org.
Parti de Primorsk, près de Saint-Pétersbourg en Russie, le 20 septembre, le pétrolier devait rejoindre Vadinar, dans le nord-ouest de l'Inde, le 20 octobre. Mais il a jeté l'ancre depuis plusieurs jours à proximité du parc éolien de Saint-Nazaire, selon le site Marine Traffic. Les récents signalements de drones à travers le Danemark ont entraîné la fermeture de plusieurs aéroports, dont celui de Copenhague, le plus grand d'Europe du Nord.