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"Les familles attendent des excuses": des plaintes vont être déposées après le scandale des maisons de retraite

Avocate au barreau de Paris, Sarah Saldmann va déposer des plaintes de clients de maisons de retraite après le scandale provoqué par les révélations du livre "Les Fossoyeurs".

Le feuilleton du scandale sur les pratiques dans certaines maisons de retraite ne fait peut-être que commencer. Après la publication du livre "Les Fossoyeurs", suivie de réactions politiques outrées et du lancement d’enquêtes administratives, c’est la justice qui devrait être amenée à traiter le dossier. Des plaintes vont être déposées "début mars", selon l’avocate au barreau de Paris Sarah Saldmann, et de manière simultanée "pour que ça ait beaucoup plus de poids". "Ma boite mail explose", assure-t-elle ce jeudi dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story.

"J’étais déjà en discussion, si on peut dire, avec Orpea dans le 92, notamment à Boulogne, Neuilly-sur-Seine, explique-t-elle. Mais depuis la sortie du livre, ça a eu un effet libérateur de la parole. Il y a beaucoup de familles qui étaient déjà endeuillées, esseulées, qui se sont dit qu’en fait elles n’étaient pas seules et qu’il fallait y aller. Elles m’ont dit qu’elles ne laisseraient pas cette impunité continuer." Selon l’avocate, les plaintes concerneront "des infractions pour homicide involontaire, mise en danger délibéré de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger et violence par négligence".

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"Des négligences graves, des privations de soins, de nourriture, parfois d’eau"

"Les familles, ce qu’elles souhaitent, ce n’est pas de l’argent, des dommages et intérêts conséquents, souligne Me Sarah Saldmann. Ce sont des familles qui sont quand même aisées, ce n’est pas ce qu’elles attendent. Ce qu’elles attendent, ce sont des excuses. Je suis assez pessimiste de ce côté-là et je le suis de plus en plus. Je suis abasourdie (après l’audition du PDG d’Orpea). Je me suis dit qu’on ne parlait pas du même dossier. Il sort les rames. Quand il dit que c’est un système perfectible, on dirait qu’il parle du Ritz. Je suis désolée mais on est au niveau zéro."

Selon Me Sarah Saldmann, les témoignages sont nombreux et accablants. "Quand j’ouvre ma boite mail et que je vois les photos, j’en ai la chair de poule, explique-t-elle. Ça fait froid dans le dos. Ils décrivent des négligences graves, des privations de soins, de nourriture, parfois d’eau. On les enferme dans des chambres. J’ai un client qui m’a raconté qu’ils avaient mis un patient dans le lit de son père, dans le même lit, parce qu’ils manquaient de places. C’est quand même extrêmement grave. Il y a des gens qu’on laisse des excréments parfois plusieurs jours. La famille vient et voit que la couche déborde littéralement. Ce sont des faits, des manquements, extrêmement graves."

LP