Maisons de retraite: "Nous réclamons huit personnels pour dix résidents" explique Claire Hédon, Défenseure des droits
"Honnêtement, personne ne découvre". Défenseure des droits, Claire Hédon n’a pas été surprise par les révélations sur les maltraitances dans les maisons de retraite ces dernières semaines. Son organisation avait rendu un rapport au mois de mai. "Toutes mes pensées vont aux résidents et à leurs familles, dans ce qu’il se passe actuellement, qui est assez monstrueux, confie Claire Hédon dans ‘Apolline Matin’ ce mercredi sur RMC et RMC Story. Depuis un certain nombre d’années, on a des réclamations sur des maltraitances dans les Ehpad. On a vu ces réclamations augmenter, avant et pendant la crise Covid."
Et la Défenseure des droits a déjà fait des recommandations. "Le point de départ, c’est que les personnes en Ehpad ont les mêmes droits que tout le monde, souligne-t-elle. Ça veut dire le respect de leur dignité et également la protection contre toute forme de maltraitance. Ces personnes âgées ont des atteintes à leur dignité parce qu’elles sont en position de vulnérabilité. Ce rapport s’adresse aussi bien au gouvernement, aux directeurs des Ehpad, aux ARS, aux conseils départements, avec un certain nombre de recommandations. Dont celle du taux de personnel nécessaire en face du taux de résidents."
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"Ce taux d’encadrement est juste indispensable"
"Nous réclamons huit personnels pour dix résidents, explique Claire Hédon. En Allemagne, c’est dix pour dix. Donc quand on demande huit pour dix, ce n’est pas monstrueux. C’est six pour dix dans le privé, sept pour dix dans le public : ce n’est pas assez. La maltraitance est due au fait que, quand une aide-soignante a 20 toilettes à faire en deux heures, ce n’est pas possible. Elle va être maltraitante. Ce taux d’encadrement est juste indispensable. Dans les recommandations, il y avait aussi le contrôle. Que les ARS et les conseils départementaux fassent des contrôles plus fréquents. Ils le font, mais pas assez."
Pour la Défenseure des droits, c’est la société dans son ensemble qui doit réfléchir à la manière de s’occuper des ainés. "La question de la protection, de la défense, des personnes âgées, dépend du nombre de personnels, rappelle Claide Hédon. Ça dit quelque chose de notre société. Quelle place veut-on donner aux personnes âgées ? Quels moyens est-on prêt à y mettre ? Ça doit tous nous interroger. C’est vital de protéger les vulnérabilités des personnes."
La plateforme contre les discriminations, "un succès"
Lancée il y a un an, la plateforme anti-discrimination est "un succès" pour la Défenseure des droits, Claire Hédon. "C’est un succès parce qu’on a 25% d’augmentation des réclamations en discrimination, explique-t-elle. Soyons lucides, il y a des discriminations. Ce qui est assez frappant, c’est que les personnes victimes de discrimination n’osent pas saisir. Un jeune sur trois dit avoir été victime de discrimination. C’est un sur cinq dans la population générale. Et surtout, quatre sur dix disent n’avoir rien entrepris. Cette plateforme est là pour cela, pour ceux qui n’osent pas, qui ne savent pas quoi faire. Appelez le 3928 ou faites le chat sur notre site internet. Laissez nos juristes poser les questions. Ils ont comme consigne de prendre du temps avec les réclamants. C’est très rare sur une plateforme téléphonique, les appels durent en moyenne 20 minutes."