Migrants de la Chapelle: "Ils continueront de venir tant qu'il y aura des guerres"

- - AFP
Que sont devenus les migrants qui campaient sous le métro entre Barbès et la Chapelle ? Evacués le 2 juin, après avoir été prévenus par des affichettes de la préfecture, ces 380 migrants, essentiellement des Erythréens, des Soudanais et des Ethiopiens, ont été pris en charge par les autorités qui leur ont proposé des hébergements.
Hassan est venu d'Erythrée après un périple par le Soudan et la Libye. A 22 ans, sans emploi dans son pays d'origine, il espère pouvoir construire sa vie ici. Après des semaines de campement sous le métro, il est aujourd'hui hébergé par l'armée du Salut à Paris: "Je suis bien accueilli ici. Nous avons rencontré une personne de l'Ofpra, qui s'occupe des réfugiés mais le problème c'est que mes compagnons et moi n'avons pas eu de rendez-vous à la préfecture pour notre régularisation".
"Nous sommes obnubilés par notre situation"
La régularisation, une obsession pour Hassan et la vingtaine d'autres migrants venus de la Chapelle et désormais pris en charge ici: "Nous sommes obnubilés par notre situation. Alors en attendant le rendez-vous à la préfecture, le matin nous allons rendre visite aux migrants qui dorment toujours dehors. Et puis nous sommes aussi allés à Paris-Plage, ça nous a fait du bien, juste pour un temps, on a pu oublier nos problèmes de papiers."
Au total depuis la première évacuation de La Chapelle le 2 juin, les autorités ont relogé plus de 1.200 personnes. "L'Etat a tenu ses promesses, constate Bruno Morel responsable à Paris d'Emmaüs Solidarité. Force est de constater qu'il y a un hébergement, un engagement dans la durée de cet hébergement et il y a une volonté d'accompagnement".
"Les camps se reformeront toujours"
La plupart des migrants de la Chapelle espèrent obtenir une régularisation en France. Selon leur comité de soutien, une quarantaine d'entre eux aurait néanmoins tenté leur chance à Calais. Mais la question des campements reste entière: "L'après évacuation montre que le jour même des gens restent groupés dans ces endroits, explique Caroline Maillery du Gisti (groupement d'information et de soutien aux immigrés). Ce sont des gens qui n'étaient pas là au moment de l'évacuation et il y a aussi les gens qui arrivent. Ils continueront de venir tant qu'il y aura des guerres dans le monde. Les camps se reformeront toujours".
Autre problème: les places actuellement occupées par les migrants sont celles qui servent en hiver aux SDF. Mais Bruno Morel d'Emmaüs Solidarité prévient: il est hors de question de mettre en concurrence les sans domicile fixe et les migrants dans les mois qui viennent, tout le monde doit être mis à l'abri.