"Ne pas sous-estimer le pouvoir de l’influence": une journaliste dénonce les lobbies dans la vie politique
C’était une des justifications qu’avait mis en avant l’ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot au moment de l’annonce de sa démission: la présence des lobbies dans les coulisses du pouvoir. Avec la récente nomination d'Emmanuelle Wargon comme secrétaire d’État à la Transition écologique, la question des lobbies est revenue sur le devant de la table. En effet, elle était, jusqu’à sa nomination, directrice des affaires publiques et de la communication de Danone.
Stéphane Horel, journaliste indépendante et auteur du livre Lobbytomie, regrette qu’en France, il n’existe pas, comme lors d’un transfert de la fonction publique vers le privé, une commission de déontologie qui examine le dossier d’une personne. "Il n’y a pas de règles dans le sens contraire, c’est-à-dire quand on vient du privé pour aller vers des fonctions publiques. Cette absence de zone tampon entre son temps dans le privé et ses fonctions publiques est problématique et normalement fait l’objet de règles dans d’autres pays", explique-t-elle.
Des conseils pas objectifs
Selon elle, ce sont bien les politiques qui prennent les décisions, mais ils s’appuient sur les conseils qu’on leur donne. Des conseils qui ne sont "pas forcément objectifs dans le sens où, les entités commerciales, qui ont des intérêts commerciaux à défendre, ont bien compris qu’il y a des intermédiaires entre eux et les décideurs publics et que c’est sur ces intermédiaires qu’il faut intervenir", explique-t-elle.
Mais les politiques ne peuvent-ils pas résister à ces lobbies ? "Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de l’influence qui agit sur des mécaniques psychologiques très complexes". Pour la journaliste, l’exemple le plus marquant de l’influence des lobbies, c’est l’affaire du glyphosate. "On a vu deux agences européennes et internationales être en désaccord sur leur jugement sur le caractère cancérigène du RoundUp par qu’ils ne se sont pas fondés sur les mêmes études".