A 83 ans, Jack Lang toujours candidat à sa propre succession à la tête de l'Institut du monde arabe

A 83 ans, Jack Lang est candidat à sa propre sucession à la tête de l'Institut du monde arabe. Portrait d'un éternel ministre de la Culture qui a, depuis dix ans, l'un des jobs les plus sympathiques de France.

Tel un phénix, il ne meurt jamais. Jack Lang, 83 ans, postule pour un nouveau mandat à la tête de l'Institut du monde arabe qu’il avait lui-même créé, en novembre 1987, alors qu'il était ministre de la Culture. Ce poste qu'il occupe depuis dix ans fait partie des jobs sympathiques à faire. Jack Lang est payé 10.000 euros par mois, avec un des plus beaux bureaux de Paris, face à Notre Dame, avec la possibilité de voyager souvent autour de la méditerranée, et la possibilité à Paris d’organiser de multiples mondanités, l’activité préférée de Jack Lang.

Duel d'ancien ministres socialistes

En pleine forme, il souhaite donc rempiler pour trois ans, ce qui lui permettrait de rester actif jusqu'à ses 86 ans. Mais il n’est pas le seul candidat. Face à lui, l’ancien ministre des affaires étrangères Jean Yves Le Drian, 75 ans, mène aussi une campagne active.

Le choix revient au président de la République, Emmanuel Macron, qui décidera dans les jours qui viennent qui sera l’heureux gagnant. Mais Jack Lang a prévenu, il n’a pas l’intention de couler une paisible retraite: quoi qu’il arrive, il rebondira en France ou ailleurs, a-t-il déclaré en substance au journal Le Monde.

Ministre de la Culture à vie?

Jack Lang est un peu un éternel ministre de la Culture, tel un fantôme qui hante les couloirs de la rue de Valois. Un ministre bis qui se mêle de tout et ne lâche jamais ses successeurs. L’actuelle ministre, Rima Abdul-Malak a raconté qu’elle reçoit un coup de fil de lui quasiment tous les jours, ou sinon des textos. Généralement elle le croise le soir, puisque, tous les soirs, Jack Lang assiste à un vernissage, une avant-première ou une représentation au théâtre.

Jack Lang a été ministre de la Culture pendant dix ans sous François Mitterrand, de 1981 à 1986 et de 1988 à 1993. L’aventure aurait pu pourtant s'arrêter très vite, puisqu’en juin 1981, il présente sa démission à François Mitterrand parce que son frère vient de commettre un meurtre. Le président de la République juge que l’on n'est pas responsable des crimes de ses frères et refuse sa démission.

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Un après "rue de Valois" compliqué...

Son passage au ministère de la Culture a été marqué par plusieurs réalisations: outre la création de la fameuse fête de la musique, Jack Lang participe aux grands travaux des deux septennats Mitterrand dont la création du Grand Louvre avec sa pyramide, la construction de l'Opéra Bastille, celle de la nouvelle bibliothèque de France – devenue depuis bibliothèque François Mitterrand –, et de l’Institut du monde arabe.

Politiquement, il survivra difficilement à François Mitterrand. Jack Lang pourtant s’est longtemps cru présidentiable. À deux reprises, en 1995 puis en 2007, il a voulu se présenter à la primaire socialiste pour l'élection présidentielle. A deux reprises, il a dû renoncer sous l’amicale pression de ses amis socialistes. En 2007, il avait lancé sa campagne en écrivant un livre au titre un peu mégalo : "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur moi".

Nicolas Poincaré