Médine: "La question la plus violente pour moi c'est 'est-ce que vous vous sentez Français ?'"
Rappeur engagé. Médine était l'invité de la Matinale week-end de RMC, ce dimanche. Alors qu'il sort un nouvel album, "Médine France", il revendique ce statut d'artiste qui prend la parole: "Je prends des positions dans ma vie d'homme, ça se répercute artistiquement."
"C'est clivant de parler de politique, de religion, mais j'évite de détourner le regard quand il y a des choses qui me paraissent importantes", explique-t-il.
Médine rappe car "il y a la passion du rap, d'abord" mais aussi pour parler de ce qui le concerne: "On est irradiés par le débat public, qui nous assigne nous renvoie à certaines conditions et qui nous empêche de nous accomplir en tant qu'individu et de nous enraciner en tant que Français."
Face à des artistes qui rechignent de plus en plus à s'engager, Médine "ne (se) sent pas seul": "Je ne regarde pas le monde de la musique ou des sportifs pour avoir un dénominateur commun avec une société civile engagée. Le monde militant me suffit."
Malgré tout, il estime qu'il reste "des artistes qui prennent position, mais sans le dire, car ils ont une forme d'écriture (spécifique), si on lit entre les lignes."
"Je définis comment moi je me sens Français"
Engagé et Français. C'est comme cela que Médine veut qu'on parle de lui. Il regrette nomment que "dans le débat public" on le renvoie "à tout ce que j'incarne sauf le fait d'être Français, d'être enraciné en Normandie." Cette question de l'identité peut paraître comme une forme de violence pour le rappeur de 39 ans: "la question ultra violente pour moi, qu'on m'a déjà posé, c'est 'est-ce que vous vous sentez Français ?'"
"Je prends le temps de redéfinir comment moi je me sens Français et pas comment on me demande d'être Français. Je me suis bricolé mon propre enracinement avec la culture, la langue française, la Francophonie. Et non pas à travers des symboles ou un formulaire CERFA pour être vraiment français", déclare l'artiste.
Face aux thèmes de l'immigration qui prend de la place dans le débat public, l'artiste havrais décide de "prendre le temps d'y répondre" : "En tant que personne racisée, j'ai l'impression que je dois répondre à des attaques, que je m'inclue dans une démarche de solidarité, de fraternisation, pour qu'on sorte de l'œil du cyclone."
"C'est en vérité un faux-débat, qui permet d'éviter les vraies questions: l'éducation, la santé,... Je ne le vis pas mal, c'est une source d'inspiration. J'utilise la force de l'adversaire pour le retourner contre lui."
Autre source d'inspiration, présente dans cet album ainsi que le précédent, la famille. Pour ce qui représente "l'essentiel de (son) quotidien", il définit son environnement privé comme "plein d'humour, plein d'amour". Ce qui se ressent dans certains de ces titres: "il y aura toujours des chansons comme ça dans mes futurs albums". Mais il prévient tout de même: "je garde un œil sur ce qui nous empêche de vivre dans ce cadre."