Un loto pour préserver le patrimoine? "Si Stéphane Bern peut le faire passer c'est formidable"

Stéphane Bern envisage la création d'un loto spécial pour le patrimoine (photo d'illustration) - AFP
François de Mazières, maire (LR) de Versailles.
"C'est une très bonne chose. Je me bats depuis longtemps pour ce projet de 'loto du patrimoine', qui existe déjà en Grande-Bretagne et en Allemagne mais aussi sous une forme différente en Italie et en Espagne. J'avais déjà émis cette idée en 2001 quand j'étais directeur général de la Fondation du patrimoine. L'idée c'est de mobiliser le loto pour que ses recettes soient en faveur du patrimoine. J'avais imaginé un jeu de grattage permettant de découvrir des monuments, à l'occasion des Journées du patrimoine.
"Le ministère des Finances a refusé"
Quand j'étais conseiller du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, j'ai essayé de relancer cette idée. Puis, lorsque j'étais parlementaire il y a trois ans, j'ai déposé un amendement pour demander l'instauration de ce loto du patrimoine. J'ai bataillé, l'amendement a été adopté. Du coup, la Française des Jeux (FDJ) avait réalisé une étude en vue de la création de ce jeu de grattage. Mais cela n'avait pas abouti parce que le ministère des Finances n'en avait pas envie, puisque le Loto finance essentiellement le budget de l'Etat, et marginalement l'action sportive. Instaurer un loto du patrimoine nécessite une décision politique, et si Stéphane Bern, qui a l'oreille du président de la République, peut la faire passer, c'est formidable.
La FDJ a fait une étude sur l'impact d'un loto du patrimoine. La recette n'était que de 5 millions d'euros, mais à l'époque elle n'était pas favorable à cette loterie donc son étude était plutôt à charge. Mais si c'est un jeu qui reste pérenne cela peut être beaucoup plus. En la matière, c'est l'Etat qui place le curseur. Aujourd'hui, 50% des recettes reviennent aux joueurs et 50% aux caisses de l'Etat. L'Etat peut choisir de placer le curseur où il le souhaite et augmenter les recettes.
"On craint une baisse des investissements pour le patrimoine"
C'est important parce qu'incontestablement, nous ne sommes pas dans une période faste pour les monuments historiques. Le financement vient pour l'essentiel des collectivités locales or, dans certaines villes, la baisse des dotations de l'Etat a été vertigineuse. Il y a de fortes craintes que les collectivités locales, face à ces baisses historiques, diminuent les investissements au profit du patrimoine, qu'il soit grand ou petit. D'autant que les dotations de l'Etat aux monuments historiques avaient beaucoup baissé entre 2014 et 2016, pour revenir aujourd'hui à 400 millions d'euros par an."