A Dammartin, une journée d'angoisse "qui ne s'effacera pas" pour les habitants

Des policiers montent la garde à proximité d'un établissement scolaire de la ville de Dammartin-en-Goële. - Joël Saget - AFP
Dammartin-en-Goële est d'ordinaire une petite ville calme de Seine-et-Marne, entourée de champs. Une de ces communes où l'on se sent à l'abri des problèmes des grandes villes, où on n'imagine pas voir un jour débarquer les hélicoptères de la police, puis entendre des explosions et des tirs ; où on n'imagine pas devoir se confiner chez soi et trembler pour ses proches ou ses enfants.
C'est une journée d'angoisse qu'ont vécu vendredi les habitants de Dammartin-en-Goële, dès qu'ils ont appris la présence des frères Kouachi sur leur commune, au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo. Pendant toute la durée du siège, la ville de 8.000 habitants était bouclée par le GIPN (Groupe d'intervention de la police nationale) et le Raid.
"Un gros moment de stress et de peur"
Ceux qui vivent à proximité de la zone industrielle où s'étaient réfugiés Chérif et Saïd Kouachi étaient aux premières loges et ont vécu l'assaut par procuration. "On entendait tous les bruits d'explosions et de tirs, raconte ainsi à RMC Prisca, qui habite près de l'entreprise où a eu lieu l'assaut. Le sol tremblait, les vitres aussi. On a eu un gros moment de stress et de peur". "Ça nous fait du bien maintenant de pouvoir sortir, de ne plus vivre dans la crainte et l'incertitude", se réjouit-elle une fois les malfaiteurs tués.
"Il va falloir du temps pour se reconstruire"
La présence d'établissements scolaires dans le périmètre de la zone industrielle a rajouté à l'angoisse. D'autant que les enfants ont été confinés, et que leurs parents ne pouvaient ni les récupérer ni leur parler. Karine maman de deux enfants, n'oubliera jamais cette journée. "Ça ne s'effacera pas, assure-t-elle. Mes enfants étaient dans des établissements proches. Ma fille était dans le collège de l'Europe, à 500 mètres du cœur de l'action". Mais Karine a craint aussi pour ses amis "qui étaient peut-être à 50 mètres du bâtiment où se trouvaient les deux malfaiteurs". "Il va falloir du temps pour réfléchir, se reconstruire, ne pas céder à la psychose non plus. Ça va être long et difficile", anticipe-t-elle.
Margaud, 11 ans: "J'avais peur qu'ils prennent papa et maman en otage"
Angoisse des parents, mais aussi des enfants. Margaud, 11 ans, élève de 6ème dont le son collège était tout proche de la zone industrielle raconte : "J'avais peur qu'ils nous fassent du mal, qu'ils prennent en otage papa et maman. Comme ils ont déjà tués 12 personnes à Paris on avait peur. J'ai une amie qui pleurait parce qu'elle avait peur pour sa maman qui est policière. On essayait de changer de discussions, de ne pas stresser. On essayait de ne pas y penser".