Annulation du projet de centre commercial géant Europacity: "Ce projet, c'était 11.000 emplois créés"
80 hectares, un parc de commerces et de loisirs qui peut attirer 31 millions de visiteurs par an... Mais pas pour tout de suite, voire jamais. Après l'annulation de l'aéroport de Notre Dame Des Landes, la justice remet en cause un autre projet industriel: le megacomplexe commercial Europacity, près de Paris. Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé mardi la création de la zone d'aménagement dite du "triangle de Gonesse".
La justice estime que l'étude d'impact est insuffisante, que la population et les autorités auraient du être mieux informées sur les conséquences potentielles du projet sur l'environnement. Projet pharaonique du groupe Auchan, le plus gros depuis Disneyland, il prévoyait la construction à Gonesse de 500 boutiques, une dizaine d'hôtels, un parc aquatique, une piste de ski en supprimant 280 hectares de terres agricoles.
Pour Europacity, c'est une "étape administrative" qui ne porte "pas un coup d'arrêt" aux ambitions des promoteurs du projet. Pourtant, sur RMC Pierre Kuchly, président de la CPME du Val-d'Oise, s'est confié pessimiste:
"J'ai pris une porte dans la figure car ce projet c'était 11.000 emplois créés directement. On était tous très motivés à dire qu'on va chercher des jeunes en banlieue, les ramener dans l'entreprise. C'est notre Stade de France à nous, cette Europacity. Et on raye ça, comme ça, parce que l'étude sur la qualité de l'air n'a pas été bien faite. On parle quand même d'un endroit où passent des milliers d'avions chaque jour, donc ce n'est pas ce projet-là qui allait impacter la qualité de l'air. Je n'y crois pas. C'est désespérant. Enfin, 11.000 emplois dans un pays qui compte plus de six millions de chômeurs. Le Val-d'Oise, c'est le grand oublié, encore une fois".
"Ce projet est inutile"
Pour les citoyens et les associations de défense de l'environnement fermement opposés au projet, cette décision de la justice est un soulagement. Stephen Kerckhove, porte-parole de l'association "Agir pour l'Environnement" salue la décision des juges tout en restant prudent:
"C'est une première victoire, notamment parce que le tribunal reconnait que le préfet a occulté un certain nombre de paramètres environnementaux, notamment la destruction de 280 hectares de terres agricoles, dans une zone où la terre agricole est extrêmement précieuse et de très bonne qualité. Il faut la préserver. Quand on construit des infrastructures de ce type, on augmente le trafic routier, la pollution urbaine... Rien n'est gagné, nous ne baissons pas la garde, ce projet est inutile, il doit être et sera combattu".