Attaque au couteau à Villeurbanne: une expertise estime que l'assaillant peut être jugé

Près de 4 mois après, on en sait plus. Le 31 août dernier, l'attaque au couteau dans une gare routière de Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, dans le Rhône, avait fait 1 mort et 8 blessés. L'homme avait alors été maîtrisé par trois conducteurs de bus lyonnais.
Mis en examen pour assassinat et tentatives d'assassinat, la piste terroriste avait été écartée, même si l'homme se disait musulman et affirmait "avoir entendu des voix insulter Dieu et lui donnant l'ordre de tuer", avait précisé le procureur de Lyon.
Son état psychotique et sa toxicomanie avait été décelé lors de la garde à vue. L'homme avait obtenu l'asile en France en 2018 sous le statut spécifique de la "protection subsidiaire" après un parcours migratoire chaotique.
On sait maintenant que le discernement de cet afghan de 33 ans était altéré au moment des faits, mais il n’est pas jugé irresponsable pénalement par l’expert psychiatre qui l’a rencontré, RMC a pu consulter ses conclusions, rendues début décembre.
Un discernement "altéré", mais pas "aboli", au moment des faits, une différence qui ouvre donc la voie à un procès devant la Cour d'Assises, car cet afghan de 33 ans n'est pas jugé irresponsable pénalement.
"Troubles schizophréniques" et consommation "intense" de drogue
Selon l'expert psychiatre, le suspect de l'attaque au couteau de Villeurbanne souffre de "troubles schizophréniques" qui prennent la forme de "délire de persécution, d'un syndrome hallucinatoire" ou encore "d'interprétations délirantes".
Des troubles apparus avant 2014, date de son séjour en Angleterre, accentués notamment par "l'exil, l'absence d'instruction, le développement dans un pays en guerre marqué par de lourdes violences (l'Afghanistan, NDLR), difficultés d'intégration, à accepter les proposition thérapeutiques». Mais aussi et surtout par une consommation "intense" de drogue, "au moins 10 joints par jour", consommation "assumée", précise l'expert.
Le jour de l'expertise, en détention, la pensée du suspect était à nouveau "réorganisée, avec une dimension critique sur les faits reprochés". Enfin, l'expert psychiatre recommande que le suspect suive un "traitement antipsychotique associé à un traitement de ses addictions".
A ce stade il est donc jugeable et condamnable. Il faudra aussi attendre les conclusions d’une contre-expertise, qui a été ordonnée par les juges d'instructions lyonnais. Contacté, l’avocat du suspect n’a pas souhaité faire de déclarations.