Attentats de 2015: "Je me faisais des scénarios dans ma tête", le témoignage de Lilian, caché des heures dans l'imprimerie de Dammartin-en-Goële
Mercredi, au 11e jour du procès des attentats de janvier 2015 la cour d'assise spéciale a entendu à la barre Michel Catalano. C'est ce patron d'imprimerie, qui était otage des frères Kouachi lorsqu'ils étaient retranchés dans son entreprise à Dammartin-en-Goële.
Dans les locaux aussi, un employé, Lilian. Il a passé 8h30 caché dans un placard, sous le lavabo, sans que les frères Kouachi n'aient connaissance de sa présence. Pour seul repère, ses oreilles, le son, dans cette entreprise aux cloisons fines, qui résonne. Le bruit est aussi son ennemi, il ne doit pas être repéré surtout pas quand Saïd Kouachi vient se laver les mains.
"L'eau ruisselait dans mon dos, la serviette était pendue sur une des portes, s’il la prenait pour se sécher les mains, ça ouvrait la porte, c'était irréel", raconte-t-il.
"Michel c'est mon héros"
D'une voix sourde, entrecoupée de sanglots, il raconte cette journée sans repères temporels. "J'essayais de somnoler, je me faisais des scénarios dans ma tête", raconte-t-il.
Enfin, il arrive à attraper son portable dans sa poche arrière, qui n'arrête pas de vibrer. Quand Lilian reçoit ce SMS de son beau-frère "t'inquiètes pas j'arrive avec la police", il craque au fond de son placard comme à la barre. "On ne m'avait pas oublié", indique-t-il.
Mais surtout, le graphiste pense à son patron "qui s'est sacrifié pour moi, aujourd'hui Michel, c'est mon héros". Les deux hommes sont tombés dans les bras l'un de l'autre, l'épreuve du témoignage enfin derrière eux.