Attentats de Trèbes et Carcassonne: le parquet général fait appel du verdict

Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, qui avaient fait quatre morts en 2018 dont le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, s'ouvre lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris, pour un mois. - ERIC CABANIS / AFP
La cour d'assises spéciale de Paris avait prononcé vendredi soir des condamnations largement plus clémentes que celles demandées par le parquet national antiterroriste (Pnat), et acquitté quatre des cinq accusés jugés pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", les condamnant uniquement pour des délits connexes.
Seule Marine Pequignot, la petite amie radicalisée de l'assaillant qui avait tué quatre personnes ce 23 mars 2018 avant d'être abattue dans l'assaut des forces de l'ordre, avait été reconnue coupable d'"association de malfaiteurs terroriste". Cette femme de 24 ans avait été condamnée à cinq ans de prison dont deux ans avec sursis, bien moins que les 11 ans réclamés par le Pnat.
Une décision "vaine et cruelle"
Cette décision de faire appel est "vaine et cruelle, mais ne nous surprend pas au regard de toutes les contre-vérités développées par le parquet durant les cinq semaines d'audience", ont réagi auprès de l'AFP ses avocats, Mes Alexandra Boret et Benjamin Bohbot.
Le parquet général a également fait appel de la condamnation prononcée à l'encontre de Samir Manaa, contre qui le Pnat avait demandé la deuxième peine la plus lourde, 10 ans.
C'est lui qui avait accompagné l'assaillant Radouane Lakdim acheter le couteau qui blessera mortellement le gendarme Arnaud Beltrame pendant l'attentat revendiqué par l'État islamique, alors qu'il "savait" qu'il était radicalisé, avait dit le Pnat.
La cour n'avait pas suivi ces réquisitions et l'avait acquitté pour l'association de malfaiteurs terroriste, ne le condamnant qu'à trois ans d'emprisonnement pour des délits connexes.
À l'issue de la lecture de son délibéré, le président Laurent Raviot avait déclaré, comme un rappel: "l'infraction de l'association de malfaiteurs terroriste implique quand même des actes matériels au soutien, à tout le moins, d'un projet terroriste. S'il n'y a pas d'acte matériel, même en cas de complaisance, on ne peut pas (la) retenir".
"La cour d'assises spéciale a rendu une décision juste", a réagi l'avocate de Samir Manaa, Me Aurélie Bousquet. Il "est innocent des faits d'association de malfaiteurs terroriste et cet appel ne va pas permettre d'apaiser les victimes".
Un autre accusé Baghdad H., l'ami qui n'avait pas dénoncé l'assaillant selon l'accusation, a lui fait appel de sa condamnation à trois ans de prison dont deux avec sursis. Marine Pequignot, Samir Manaa et Baghdad H. seront donc jugés à nouveau.