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"C’est le seul mode d’action qui fait peur": le témoignage de Camille, black bloc depuis dix ans

Témoignage RMC. Habillé de noir, Camille sera dans une manifestation contre la réforme des retraites ce mardi. Et il ne le cache pas, il sera là pour casser. Entré dans le black bloc il y a dix ans, il estime que c'est aujourd'hui la seule façon de faire peur au pouvoir.

Il fait partie de cette catégorie de manifestants qui n’hésite pas à recourir à la violence dans les cortèges. Camille a manifesté jeudi dernier dans le black bloc d'une ville de Bretagne. Il sera encore dans la rue mardi. La première fois que Camille s'est habillé en noir pour rejoindre le block, c'était il y a dix ans.

“On pourrait dire qu’on utilise des modes d’action radicaux. Effectivement, on vient pour casser si c’est la question”, indique-t-il. Casser oui, mais pas sans distinction. Selon lui, l'État, les banques, les grandes enseignes sont particulièrement visés.

“On casse ce qui représente ce qu’on dénonce, c’est-à-dire le capitalisme, ce système qui est injuste. C’est symbolique et accessoire. Dans 95% des cas, un petit artisan ou un indépendant ne sera pas visé”, appuie-t-il.

"Ils utilisent des grenades contre la population"

Un mode d'action illégal et violent, qu'il justifie notamment par le manque de réaction des dirigeants face aux manifestations et aux grèves, mais aussi face aux violences policières. “Moi, je considère que c’est le seul mode d’action qui permet de faire parler, qui fait peur au pouvoir. Une force en face de la force policière. On est obligé d’entrer en conflit parce que personne ne pleure sur une vitrine. Par contre sur une vie, il y a des gens qui pleurent. Donc, à partir de ce moment-là, qu’ils réfléchissent à leur mode d’action dans la répression”, détaille-t-il.

Quand on évoque la violence des blocks envers les forces de l'ordre, Camille les balaye du revers de la main.

“C’est du pipi de chat. Ils sont protégés, ils sont entraînés. Ils subissent des jets de cailloux alors qu’en face, ils utilisent des grenades contre la population qui est désarmée”, dénonce-t-il.

Selon l'Intérieur, 891 policiers et gendarmes ont été blessés depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites. "Plus de 1.000 éléments radicaux, dont certains venus de l'étranger, et d'autres qui étaient présents à Sainte-Soline ce week-end" pourraient être présents à Paris ce mardi selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Ces personnes "issues de l'ultragauche et de l'extrême gauche" pourraient aussi "mener des actions à Lyon, Rennes, Nantes, Dijon et Bordeaux" selon le ministre.

Lucile Pascanet avec Guillaume Descours