"Ce sont des gens qu'il faut soigner": après l'agression de Bordeaux, comment éviter la récidive?

L'homme de 29 ans, suspecté d'avoir agressé une femme de 73 ans et sa petite-fille de 7 ans lundi à Bordeaux, a été placé en psychiatrie, hospitalisé sous contrainte, et sa garde à vue levée mardi. Selon les premiers éléments, le suspect que l'on voit agresser violemment les deux victimes dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux a indiqué aux enquêteurs être "sous tutelle", "suivi sur le plan psychiatrique" et en "rupture de traitement".
Très agité lors de son interpellation, l'homme né à Bordeaux en 1993 est déjà connu défavorablement des services de police pour "menaces de mort", "port d'arme" ou encore "violences en réunion" Pendant sa garde à vue, il "n'a pas pu être auditionné" en raison des "troubles du comportement majeurs en lien avec une pathologie schizophrène et psychotique", a assuré le parquet de Bordeaux, entrainant son hospitalisation en psychiatrie "sous contrainte".
La construction de 15.000 places de prison inefficace?
"C'est un SDF qui a déjà connu la prison en raison d'infractions pour des petites peines de quelques mois", détaille dans "Apolline Matin", ce mercredi sur RMC et RMC Story, Evelyne Sire-Marin, magistrate honoraire et membre du bureau national de la Ligue des droits de l'homme.
"La récidive fait que plus la personne commet des infractions, plus la peine augmente. Le problème, c'est que pour éviter la récidive, on préfère des peines pour accompagner les personnes qui sortent de prison, la prison étant faite pour punir mais ne permettant pas d'éviter la récidive", détaille-t-elle.
Selon Evelyne Sire-Marin , la construction de 15.000 places de prison supplémentaires est inefficace car il n'y a pas de solutions de réinsertion. Dans le cas de l'agression de Bordeaux, la magistrate honoraire se demande si tous les moyens ont été mis pour que le suspect puisse se soigner.
"La prison est un échec phénoménal en ce qui concerne la récidive"
Car c'est le suivi de soins qui fait défaut. "En prison, le secteur psychiatrique est dans une misère noire. Il y a peu de psychiatres et 30% des prisonniers ont des troubles psychiatriques graves. Ce sont des gens qu'il faut soigner. À l'extérieur, c'est la même chose, le secteur psychiatrique n'est pas du tout équipé", alerte la membre de la Ligue des droits de l'homme.
Alors, quelles pourraient être les solutions pour une personne comme le mis en cause dans l'agression de Bordeaux? "Il faudrait des structures pour prendre ces gens en prison, tout comme à leur sortie", estime Evelyne Sire-Marin qui rappelle que 61% des personnes qui sortent d'une "peine sèche", sans suivi, récidivent.
"La prison ne permet pas d'empêcher la récidive. Il faut du sursis probatoire pour éviter la récidive parce que ça marche. Avec les travaux d'intérêt général (TIG), il n'y a que 31% de récidive, moitié moins que lorsqu'on sort d'une peine sèche", constate-t-elle.
La magistrate honoraire appelle à ouvrir des lits de psychiatrie et des centres médicaux psychologiques. "La prison est un échec phénoménal en ce qui concerne la récidive", conclut-elle.