"Chirurgien de l'horreur" à Grenoble: "J'ai 33 ans et je suis bousillé", témoigne une de ses victimes
Les accusations se multiplient à l'encontre d'un médecin grenoblois déjà suspendu par le Conseil de l'ordre. Jeudi, 30 personnes souffrant de séquelles après une opération orthopédique menée par ce praticien se sont réunies à l'appel de l'avocat de plusieurs patients dans une situation similaire.
Me Édouard Bourgin avait réclamé publiquement il y a trois semaines que la justice pénale se saisisse des activités du Dr V. L'avocat suit actuellement cinq dossiers, dont deux ont fait l'objet d'une plainte au pénal, a-t-il expliqué. Une enquête préliminaire avait été ouverte fin 2016 pour mise en danger de la vie d'autrui et escroquerie, qui n'a donné lieu à aucune mise en cause pour l'instant.
Depuis, l'avocat affirme avoir été submergé d'appels de personnes affirmant souffrir après avoir été opérées par ce médecin, et en a réuni jeudi une trentaine.
"C'est un escroc"
Axel Carrat fait partie des victimes venues à la réunion. Il s'est fait opérer des cervicales il y a 1 an et demi par ce chirurgien. Maçon de profession, il a dû abandonner son travail:
"J'ai 33 ans, je ne peux plus travailler, j'imaginais qu'il était respecté et respectable, qu'il était doué de ses mains. C'est un escroc. Ce n'est pas possible. On ne peut pas opérer des gens qui n'ont pas besoin d'être opérés. Les opérer et ne pas leur donner de soins post-opératoires, moi aussi je peux opérer dans ce cas-là. C'est mon ressenti psychologique et physique. Il m'a fait plus de mal que de bien. Ça fait un an que je fais du kiné à la même clinique. J'en ai 33 et je suis bousillé".
Il est reproché au chirurgien, sur la base d'une soixantaine de dossiers, d'avoir souvent pris des décisions d'opérer sans disposer "de tous les éléments nécessaires" , et surtout de ne fournir "aucune explication convaincante" sur une trentaine de complications postopératoires.
En outre, le 25 avril, l'ordre des médecins de Rhône-Alpes a prononcé contre lui un blâme dans l'un des dossiers suivis par Me Bourgin.
L'avocat voit dans cette affaire "un scandale de santé publique", dénonçant une certaine "inaction des institutions censées enquêter et réprimer, alors que c'était à Grenoble un secret de polichinelle que ce médecin avait une tendance compulsive à opérer dans des conditions de légèreté absolue".