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Cours de sport, taxis… Le boom des "zones de non-mixité"

Dans les salles de sport ou même pour commander un taxi, les femmes sont de plus en plus nombreuses à plébisciter des lieux qui leur sont réservés. Leurs utilisatrices sont ravies, mais les associations féministes s'inquiètent.

C'est un phénomène qui existait déjà avant les mouvements "Balance ton porc" et "MeToo", lancés dans la foulée de l'affaire Weinstein, mais qui prend de l'ampleur depuis: l'émergence des zones en non-mixité. Le principe consiste à se retrouver exclusivement entre femmes que ce soit dans des bars, pour faire du sport, des activités culturelles… L'objectif est de se sentir à l'aise, loin du regard jugé parfois pesant de certains hommes, et loin de la drague.

Dans les salles de sport ou même pour commander un taxi, les femmes sont de plus en plus nombreuses à plébisciter ces lieux en non-mixité comme l'a constaté RMC qui s'est rendu à la salle Lady coach club, dans le Val-d'Oise. Dans cette salle de sport l'entrée est uniquement réservée aux femmes... Car on s'y sent plus à l'aise explique Michèle, une abonnée. "On est plus libre en fin de compte. Surtout pour les vestiaires: on peut se déshabiller entre femmes, pas de complexes entre nous. C'est surtout ça qui me plaît. C'est un quartier libre ici".

"Des mouvements en tenues près du corps"

Derrière le comptoir Sandra, la gérante observe depuis 3-4 ans un engouement pour ces cours de sport non-mixtes. "Il a été prouvé que les salles de sport font partie des endroits où l'on vient pour draguer. On fait des mouvements avec des tenues plus près du corps... C'est plus gênant quand on est dans une salle de sport mixte".

La drague insistance de certains hommes... Julie l'a vécue plusieurs fois dans des taxis. "On vous demande d'aller boire un verre après, c'est des discussions interminables à l'arrivée... On sait que les portes sont verrouillées, alors on essaie tant bien que mal de sortir de la voiture". Pour éviter cela, Julie utilise une nouvelle application de taxi: Simone Drive Her, où les chauffeurs ne sont que des femmes. "Je préfère être précautionneuse et pas prendre de risque. Et puis je trouve ça très sympa de voyager avec une femme".

"Un pansement sur une jambe de bois"

Raphaëlle Rémy-Leleu, de l'association Osez le féminisme, comprend ce type d'initiative mais estime qu'il ne s'agit que d'un "pansement sur une jambe de bois", qui peut faire oublier le fond du problème. "Ce qu'il faut faire, c'est agir sur les raisons de cette insécurité des femmes", explique-t-elle. C'est pourquoi elle préconise plus de sensibilisation là où les femmes se sentent vulnérables : la rue, les transports en commun ou le lieu de travail.

P. Gril avec Jean-Baptiste Bourgeon