"Ne restez pas dehors": RMC au coeur d'une patrouille de CRS après le couvre-feu mis en place à Nîmes

Nuit calme à Nîmes après la mise en place d'un couvre-feu. Depuis lundi soir, les mineurs de moins de 16 ans ont interdiction de sortir de 21h à 06h dans 6 quartiers sensibles de la ville. Ce couvre-feu doit rester en place au moins 2 semaines.
Une mesure prise par la mairie après des scènes de violences ces derniers jours. Ce couvre-feu "vise à protéger les mineurs qui n'ont rien à voir avec le trafic mais aussi ceux, parfois âgés de 12 ou 13 ans, qui sont utilisés par les narcotrafiquants", explique la mairie.
"Ne restez pas dehors"
Plusieurs compagnies de CRS ont donc été déployées dans certains quartiers pour permettre un retour au calme, avec l'appui des forces mobiles, et le renfort d'une soixantaine de policiers promis par le préfet du Gard, Jérôme Bonet. Objectif: "mettre fin à cet enchaînement de violences". Lundi, durant une grande partie de la nuit, les forces de l’ordre ont mené des opérations de contrôle pour faire respecter le couvre-feu. RMC a pu suivre des CRS qui patrouillaient au cœur du tristement célèbre quartier Pissevin à Nîmes.
Au milieu des grandes barres d’immeubles, la nuit tombe et les rues sont quasiment désertes. Le travail de la cinquantaine de CRS à pied commence avec ce groupe de mineurs. Les CRS leur demandent immédiatement leur âge, "12 ans" répond l'un d'eux. Sébastien, CRS, poursuit donc: "Tu vas chez la famille? Tu sais qu'il y a le couvre-feu, tu ne peux pas sortir, ça marche?"
"Ne restez pas dehors", prévient-il.
"Leur présence est inefficace"
Les CRS contrôlent aussi des habitants comme Adam, ce jeune homme connu pour trafic de stupéfiants. Mais pour lui, cette présence policière n’empêchera pas les fusillades entre groupes criminels: "ça tire tous les jours, ils viennent tirer en même temps que la police, donc leur présence est inefficace".
Pour autant, les CRS poursuivent leur mission, ils inspectent chacun recoin de ces grandes barres d’immeuble vétustes: "Pourquoi vous contrôlez les cages d'escalier? Par sécurité, si on trouve quelque chose d'illicite, une arme ou des stupéfiants", détaille Noéline, une des CRS.
Une présence remarquée et saluée par certains habitants: "On a peur mais vraiment peur. C'est bien de mettre le couvre-feu déjà pour les mineurs, ça promet de protéger les enfants et nous aussi parce qu'on est pas tranquilles".
15 jours renouvelables
Au bout de 2h de patrouille, le calme domine la cité: "Le fait qu'on soit là, finalement c'est très calme. Nous, on ne dit pas 'mission accomplie', on dit 'à plus tard' plutôt, 'à bientôt'", ironise Sébastien, membre du groupe de patrouille.
Car ces CRS s'attendent à revenir au milieu de cette cité gangrenée par le trafic de drogue dans quelques mois. Entamé lundi soir, pour 15 jours renouvelables, dans les quartiers de Pissevin, Valdegour, Mas de Mingue, Vistre, Clos d'Orville et Chemin Bas, les quartiers sensibles de Nîmes, ce couvre-feu visant les mineurs de moins de 16 ans, entre 21h et 06h, avait été annoncé vendredi dernier par la municipalité, évoquant les "fusillades, règlements de comptes (et) tensions entre bandes".
Mardi dernier, c'est le corps d'un jeune majeur de 19 ans, originaire de Seine-Saint-Denis, qui avait été retrouvé, partiellement calciné, dans un village proche. Ce meurtre, en lien avec les événements récents dans les quartiers nîmois, selon le parquet, avait été diffusé par ses auteurs sur les réseaux sociaux.
Cet été, d'autres villes, de toutes couleurs politiques, ont mis en place des mesures similaires, comme Béziers (Hérault), Triel-sur-Seine (Yvelines) ou Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).