Béziers, Limoges... Les villes moyennes de plus en plus gangrénées par le trafic de drogue

Les petites villes sont de plus en plus gangrenées par le trafic de stupéfiants. Dans la nuit de samedi à dimanche, des violences urbaines ont éclaté à Béziers dans l'Hérault, faisant un blessé et provoquant un incendie dans un appartement.
Une cinquantaine de jeunes ont tendu un guet-apens à la police, probablement en réponse à de multiples interpellations et saisies pour lutter contre le narcotrafic, selon le procureur de la République de Béziers Raphaël Balland.
Près d'une cinquantaine
Dans le quartier paupérisé de la Devèze, les fauteurs de trouble "ont contacté eux-mêmes les pompiers pour un feu de poubelle (et) ils étaient près d’une cinquantaine, dont certains sur les toits des immeubles", à leur arrivée, a rapporté à l’AFP le commissaire Eric Agniel. Les pompiers ont alors contacté la police, entraînant l'arrivée de la brigade anticriminalité qui se sont retrouvés piégés. Une émeute a démarré avant d'être finalement stoppée à la suite de l'embrasement d'un appartement, touché par un tir de mortier d'artifice pendant ces violences.
L'appartement de 130 m2 où vivait une dame avec ses trois enfants majeurs a été totalement détruit. Les émeutes se sont stoppées à la suite de l'embrasement de l'appartement. Seul un blessé léger est à déplorer du côté des policiers. Aucune interpellation n'a été réalisée pour le moment. Les auteurs encourent jusqu'à 10 d'emprisonnement, selon le procureur de la République de Béziers.
Cibler les consommateurs?
Béziers, Limoges, Le Havre, Nîmes etc. Les débordements explosent depuis plusieurs jours dans de nombreuses villes "moyennes" de France, bien souvent dûs à des rivalités sur fond de trafic de stupéfiants. Pour les élus locaux et les forces de l'ordre, il faut certes une réponse policière, mais aussi et surtout cibler les consommateurs de stupéfiants.
Cet épisode de violence est le résultat, selon les autorités, de plusieurs saisies et interpellations ces derniers jours pour lutter contre le trafic de stupéfiants qui gangrène la ville. C’est aussi l’hypothèse émise par le procureur de Béziers qui pointe du doigt les consommateurs, les qualifiant "d’acteurs du trafic de drogues".
Un constat partagé par Emmanuelle Ménard, élue municipale de Béziers: "On voit une augmentation des consommateurs de cannabis ou de cocaïne, encore plus la cocaïne qui explose, alors il faut absolument qu'on arrive à s'attaquer à ce volet-là également".
Davantage de sévérité
Un mineur et un majeur soupçonnés de trafic de stupéfiants avaient bien été arrêtés en amont de ces violences. L’un a été jugé devant le tribunal pour enfants samedi, l’autre doit être présenté en comparution immédiate ce lundi. Mais pour David Leyraud, superviseur national du syndicat Alliance, il faut davantage de sévérité.
"Personne ne naît délinquant, on le devient car notre société attend 15/20 délits pour amener une réponse pénale très forte", martèle-t-il.
La CRS 8, une unité mobile spécialisée, a été déployée la nuit dernière dans le quartier pour éviter tout débordement.