"J'en ai vu d'autres": renvoyée devant la justice pour corruption, Rachida Dati exclut de démissionner

Rachida Dati et Carlos Ghosn assistent à la présentation par Renault de la voiture officielle du Festival de Cannes, « Latitude », lors du Mondial de l'automobile 2010 au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, le 30 septembre 2010 à Paris, en France. - Photo par JULIEN M. HEKIMIAN / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
"Je ne renoncerai sur rien". La ministre de la Culture Rachida Dati exclut de démissionner alors que des juges ont ordonné mardi 22 juillet son renvoi devant la justice pour corruption et trafic d'influences. Mardi soir, l'Elysée a fait savoir que la ministre de la Culture "poursuivait son travail au gouvernement".
Rachida Dati est soupçonnée d'avoir perçu 900.000 euros de la part du groupe Renault-Nissan entre 2010 et 2012 alors qu'elle était députée européenne et avocate. Les magistrats estiment dans leur ordonnance que les activités de Rachida Dati à l'époque s'apparentent à du lobbying. Les juges ont aussi ordonné le renvoi en procès de l'ex-patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn.
"Un problème avec la justice"
Invitée de LCI mardi soir, la ministre de la Culture s'est montrée très offensive en tentant de se défendre. Rachida Dati l'assure, elle a bien touché 900.000 euros d'honoraires de la part du groupe Renault dirigé à l'époque par Carlos Ghosn, pour un travail qu'elle estime bien réel: "Il y avait des réunions physiques, des conférences et des conférences téléphoniques. Au siège de Renault, avec monsieur Ghosn, jamais en tête-à-tête".
Des éléments déjà entre les mains de la justice, et qui n'ont semble-t-il pas suffi pour lui éviter un procès. Alors Rachida Dati s'en prend directement aux magistrats en charge de son dossier: "Toute la procédure a été émaillée d'incidents, il y a un problème avec la justice".
"Je n'accable pas la magistrature, j'accable des magistrats qui refusent de faire leur travail, conformément au code de procédure", s'indigne-t-elle.
Elle a fait appel
Un procès qui pourrait avoir des conséquences politiques pour celle qui est candidate déclarée à la mairie de Paris. A peine la décision connue mardi, l'avocat de la ministre a annoncé faire appel de cette décision pour éviter la tenue de ce procès. Et Rachida Dati a bien l'intention d'épuiser tous les recours. "A ce niveau c'est un record", ironise un des ses opposants.
La perspective de ce procès "est une épée de Damoclès", à tel point que, pour un représentant du socle commun, la candidature Dati est de plus en plus compliquée à soutenir. Pour Pierre-Yves Bournazel, son adversaire déclaré à Paris et soutenu par Edouard Philippe, la ministre doit quitter le gouvernement. Idée immédiatement balayée par l'Elysée.
Présumée innocente
Et pas question non plus de démissionner pour la ministre de la Culture, qui affirme être toujours candidate à la mairie de Paris: "Moi je ne vais quand même pas me résigner".
"Ils essaient de me mettre le genou à terre mais je ne vais quand même pas mettre le deuxième".
Si Rachida Dati venait à être élue maire de Paris, elle pourrait, quoi qu'il arrive en cas de condamnation, être déclarée inéligible et perdre de fait son mandat.
Invité du 20h de TF1 hier soir, le ministre de la Justice Gérald Darmanin lui a apporté son soutien: "Il est évident que Rachida Dati, qui est une grande femme politique dont je souhaite ardemment qu'elle soit maire de Paris, d'abord est présumée innocente. Ne jetons pas trop rapidement l'opprobre sur les personnes. Soutenons Rachida Dati pour être une grande ministre de la Culture, une maire de Paris, et laissons la justice faire son travail".
"Instrumentalisation honteuse"
Pour David Belliard, candidat écologiste, "LR-Renaissance n'est plus une alliance" mais '"un gang". La ministre de la Culture répond: "certains vont l'instrumentaliser mais j'en ai vu d'autres". "Il n'y a pas beaucoup de gens qui m'ont fait dévier dans la vie", poursuit-elle, avant de dénoncer une "instrumentalisation honteuse".
"On ne touchera pas à ma probité. Je viens d'une famille très compliquée, je ne suis pas devenue magistrate par hasard. Donc ce n'est pas aujourd'hui qu'on va atteindre mon honnêteté et ma probité. Ça pour moi, c'est mon honneur et ma dignité".
Depuis 2019, les enquêteurs soupçonnent la ministre de la Culture d'avoir perçu 900.000 euros de la part du constructeur Renault alors qu'elle était eurodéputée. Des sommes qu'elle pourrait avoir perçu sans avoir réellement travaillé dans le cadre d'une activité de lobbying interdite par le Parlement européen.
Selon une source judiciaire à l'AFP, une première audience est prévue le 29 septembre pour fixer la date du procès, qui, d'après deux sources proches du dossier, pourrait se tenir après les municipales prévues en mars 2026.