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"De la pure cruauté humaine”: un ancien élève de Notre-Dame de Garaison dénonce des violences

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TÉMOIGNAGE RMC - Trois plaintes ont déjà été déposées contre l'établissement catholique Notre-Dame de Garaison pour des agressions sexuelles, des viols et des violences physiques. Parmi elles, celle de Tom, ancien élève. Au micro de RMC, il revient sur ce qu'il a subi et témoigne d'un système chapeauté par le directeur de l'établissement toujours en poste aujourd'hui.

Ce jeudi matin démarrent les auditions de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale suite à l'affaire Bétharram. Plusieurs collectifs de victimes, issus de différents établissements catholiques de France, vont être entendus. Parmi eux, celui de Notre Dame de Garaison, un internat catholique situé dans les Hautes-Pyrénées et pointé du doigt pour de nombreux faits de violences commis depuis les années 70.

À ce stade, trois plaintes ont déjà été déposées par des anciens élèves pour violences, agressions sexuelles et viols. D'autres sont attendues. Les deux dernières ayant été déposées mercredi dans la journée.

Des violences qui ont perduré jusqu'à très récemment selon un ancien élève et une ancienne professeure de l'établissement. Cinq ans après avoir quitté Notre Dame de Garaison, Tom se souvient encore de chaque coup encaissé depuis le collège. Des violences perpétrées selon lui par différents surveillants, mais aussi par le directeur de l'établissement, toujours en poste aujourd'hui.

“C’était celui qui était le plus cruel et dont on avait le plus peur. On était tous en ligne dans son bureau et soit il frappait, soit il intimait et il menaçait. C’était de la pure cruauté humaine”, confie-t-il.

Il poursuit: "Moi, il m'a déjà hurlé dessus, très proche du visage, de façon très menaçante. Puis il m'a poussé violemment au niveau du thorax. Ensuite, il me frappait sur le haut du crâne pour que je baisse la tête et que je ne le regarde pas. La violence venait aussi de tous les surveillants, mais le directeur en était la personnification car c'était le plus cruel. Il hurlait en permanence, c'était lui qui chapeautait cet esprit de coercition et de répression systématique, c'était le chef d'orchestre. Et nous, on vivait dans la peur absolue", indique-t-il.

Des accusations démenties par l'établissement

Dans une plainte qu'il s'apprête à déposer, l'ancien élève décrit un véritable système répressif. “Il nous disait très ‘vas-y va porter plainte, va voir tes parents et tu verras ce qu’il se passe ensuite’. Du coup on avait peur des représailles et donc on ne le faisait pas. C’est pour ça que ça a duré pendant des années et que ça dure encore”, appuie Tom.

Une violence qui le hante encore aujourd'hui. "J'ai des flash-back, je vis ce traumatisme-là, et je ne suis pas le seul à le vivre. Ça a foutu en l'air des enfances et la vie de beaucoup de personnes. Il y en a qui s'en sont remis mais ce n'est pas le cas de tout le monde", souffle-t-il au micro de RMC.

Une emprise totale, dont témoigne aussi Jeanne, ancienne professeure qui a quitté l'établissement il n'y a que quelques mois. “Les trois dernières années, ça me bouffait. J’étais en train de crever. Je pleurais tout le temps. J’aurais dû le dire et maintenant, il faut que ça s’arrête”, appuie-t-elle.

Des accusations fermement démenties par le porte-parole de l'établissement, Jean-Christophe Giesbert.

“C’est parole contre parole. On a de sérieux doutes quant à la véracité des témoignages. S’agissant du directeur, il est fidèle au projet pédagogique de l’établissement qui est la bienveillance et la fermeté”, indique-t-il.

D'après nos informations, une vingtaine de nouvelles plaintes devraient être déposées d'ici la semaine prochaine.

Julie Brault avec Guillaume Descours