Effondrement de la rue d'Aubagne: six ans après, un procès très attendu par les proches des victimes

C'est ce jeudi que s'ouvre le procès des effondrements de la rue d'Aubagne à Marseille. Il y a six ans, dans le quartier de Noailles, en plein centre de la cité phocéenne, deux immeubles s'effondraient.
Le procès démarrera en début d'après-midi, pour une durée de six semaines. Huit personnes sont mortes dans cet effondrement. Quelques semaines avant le drame, Liliana était venue voir où vivait son fils, Julien. Pour elle, l'état de l'immeuble ne laissait pas de doute sur le danger imminent. “J’ai été apeurée. Le mur était tout bombé, il y avait un étais…”, décrit-elle.
Et pourtant, quelques jours auparavant, après une évacuation préventive, un expert avait conclu que presque tous les locataires pouvaient retourner vivre dans leur logement.
“Il m’a dit ‘maman ne t'inquiète pas, je leur fais confiance’. Il a fait confiance aux gens, à ceux qui étaient censés le protéger chez lui, et ils ne l’ont pas fait. C’est pour ça qu’il est mort”, confie-t-elle.
"Il faut un procès exemplaire"
Alors aujourd'hui, Liliana espère que ce procès fera date dans la lutte contre l'habitat indigne. “Il est très important pour moi que la mort de mon fils ait un sens”, appuie-t-elle. Un espoir de justice partagé par Pierre. Sa sœur fait elle aussi partie des victimes.
“C’est tout ce qui reste. Ma sœur est morte et ne reviendra pas. Je suis sûr que la justice fera vraiment son travail et que ça servira d’exemple. Il faut un procès exemplaire, s’il vous plaît”, demande-t-il.
Un "procès exemplaire" pour éviter à l'avenir d'autres familles endeuillées. Mais aussi pour comprendre les raisons derrière les négligences, malgré les multiples alertes des habitants.
Un adjoint à la mairie et un expert parmi les prévenus au procès de la rue d'Aubagne
Au procès, 87 parties civiles sont attendues, ainsi que 16 prévenus. Parmi eux, on retrouve notamment Julien Ruas, l'adjoint à la prévention des risques à la mairie de Marseille, à l'époque de Jean-Claude Gaudin. Des signalements sur l'état du 65 rue d'Aubagne avaient été faits auprès de ses services. Les juges d'instruction lui reprochent de les avoir traités avec "une légèreté qui interroge".
À côté de lui, sur le banc des prévenus, Richard Carta, l'expert chargé deux semaines et demie avant les effondrements d'établir une expertise de péril sur l'immeuble. L'enquête pointe des négligences lors de cette visite qui s'est terminée par l'autorisation pour presque tous les locataires de retourner chez eux.
Il y aura aussi le cabinet Liautard, le syndic du numéro 65, et Marseille Habitat, le bailleur social de l'immeuble mitoyen, soupçonné d'avoir laissé son immeuble inoccupé se dégrader, ce qui a fait courir un risque aux habitants du 65. À leurs côtés, 12 autres personnes sont citées à comparaître sur demande des avocats des parties civiles.