Eric Dupond-Moretti relaxé par la Cour de justice de la République

Éric Dupond-Moretti à Marseille le 22 novembre 2023 - Nicolas TUCAT / AFP
L'ancien avocat devenu ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a été relaxé ce mercredi 29 novembre par la Cour de justice de la République. "C'est ce que l'on espérait, c'est ce que le droit dictait", a réagi immédiatement son avocate Jacqueline Laffont. "C'est une satisfaction et une émotion énorme. La CJR est venue dire que depuis trois ans, il avait été mis en cause injustement", juge-t-elle.
Au cours de l'audience en novembre, l'accusation avait requis un an de prison avec sursis à l'encontre de l'ancienne star du barreau, soupçonnée d'avoir profité de ses fonctions de ministre pour régler ses comptes avec quatre magistrats qu'il avait critiqués du temps où il était avocat.
Nommé au gouvernement à la surprise générale à l'été 2020, l'ex-pénaliste de 62 ans a toujours clamé son innocence dans cette affaire déclenchée par une plainte sans précédent des syndicats de magistrats à la fin 2020.
Malgré l'absence d'infraction, l'avocat des syndicats de la magistrature Christophe Clerc a salué que la décision relève qu'un conflits d'intérêts a existé. "Une avancée majeure dont on ne peut que se féliciter", commente-t-il, disant "prendre acte" de la décision sur le fond sans la commenter.
Côté politique, à la suite de cette décision, les députés LFI ont immédiatement appelé à supprimer la Cour de justice de la République.
Que lui était-il reproché?
L'affaire Dupond-Moretti débute fin juin 2020, en marge d'une affaire de corruption visant l'ancien président Nicolas Sarkozy. L'hebdomadaire Le Point révèle que des magistrats du Parquet national financier (PNF) ont fait éplucher des factures téléphoniques détaillées de plusieurs avocats, dont Eric Dupond-Moretti, pour débusquer une éventuelle taupe qui aurait informé Nicolas Sarkozy qu'il étaient sur écoute. Eric Dupond-Moretti, sans doute alors l'avocat le plus connu de France, dénonce une "enquête barbouzarde".
Une fois nommé au gouvernent, il ordonne une enquête administrative contre trois magistrats du PNF après réception d'un rapport commandé par sa prédécesseure sur ce parquet redouté en France.
Dans une autre affaire, il décide d'ouvrir une enquête contre un quatrième magistrat, Edouard Levrault, ex-juge détaché à Monaco dont il avait dénoncé en tant qu'avocat les méthodes de "cow-boy" et contre lequel il avait porté plainte au nom d'un client pour violation du secret de l'instruction.
Le ministre "qui savait mieux que quiconque les conflits d'intérêts qu'il pouvait avoir avec les magistrats concernés" aurait dû s'abstenir d'être "décideur", a conclu l'enquête.
"J'ai fait ce que n'importe quel garde des Sceaux aurait fait à ma place", s'était défendu le ministre, qui avait réfuté toute idée de "vengeance".