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Attaque à Nantes: pourquoi les portiques de sécurité dans les lycées pourraient être contre-productifs

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Immédiatement après l'attaque au couteau qui a fait un mort et plusieurs blessés dans un lycée de Nantes, plusieurs personnalités politiques ont réclamé la mise en place de mesures de sécurité supplémentaires devant les établissements scolaires. En première ligne, des portiques de sécurité pour détecter les couteaux. Mais l'installation de tels dispositifs pourraient être contre-productive. Explications.

Après l'attaque au couteau qui a fait un mort et trois blessé graves dans un lycée privé près de Nantes, plusieurs voix se sont élevées réclamant plus de sécurité aux abords des lycées.

Le Premier ministre François Bayrou a estimé que la généralisation des portiques de sécurité était "une piste" alors que l'auteur de l'attaque, a pu pénétrer dans son établissement scolaire avec deux couteaux. Le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a plaidé pour cette "piste" arguant l'avoir proposé dès 2015.

"La seule méthode pour empêcher les gens de rentrer quelque part avec un couteau, c'est celle du secteur aérien, celle du portique avec rayons X et fouille intégrale", explique ce jeudi matin dans Apolline Matin Guillaume Farde, consultant police-justice.

"Si vous faites ça vous pouvez tendre vers le risque zéro sur le port de couteau mais à quel prix? Quand vous prenez l'avion, vous arrivez 2h en avance et vous avez presque 1h dédiée aux contrôles de sécurité", rappelle-t-il.
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Attente, attroupement, les effets néfastes des portiques de sécurité

Mais devant les établissements scolaires, les portiques de sécurité pourraient être contre-productifs: "Cela complexifie les choses et ralentit votre accès au lieu en question", note Guillaume Farde.

"Si demain on veut mettre des portiques partout devant les écoles, vous allez attendre. Et pendant le temps d'attente avant la fouille, vous êtes à l'extérieur de l'établissement, c'est super dangereux", poursuit-il. Dans ces conditions "celui qui veut tuer pourra le faire à l'extérieur, là où tout le monde est regroupé, avec des possibilités de confinement, de fuite ou de cache, sont compliquées".

Dans les stades ou les parcs d'attraction, ce temps d'attente est limité au maximum en démultipliant les points de fouille: "C'est affreusement cher, on ne va jamais mettre quinze portiques à l'entrée d'un lycée, ce n'est pas possible", ajoute Guillaume Farde. Et même si des portiques de sécurité étaient mis en place, "ils ne pourraient pas tout détecter", prévient la policière du syndicat Un1té Linda Kebbab.

Santé mentale

Après l'attaque de Nantes, le suspect a été interné en psychiatrie. Dans ces conditions, "la question de la sécurité globale et des conditions d'accès à l'établissement ne se pose pas forcément", explique Bruno Bobkiewicz secrétaire général du SNPDEN, le Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale.

"C'est plus une question de santé mentale", poursuit-il, déplorant le nombre insuffisant de médecins scolaires, d'infirmière et de psychologues dans les établissements scolaires. "Même quand des postes existent, ils sont vacants faute de candidats. On a une difficulté structurelle pour accompagner au mieux des situations mentales ou médicales", ajoute le syndicaliste.

Autre piste avancée juste après le drame, notamment par Eric Ciotti et Christian Estrosi, celle de la reconnaissance faciale, refusée dans leur région. Une reconnaissance faciale qui n'aurait servi à rien lors du drame de jeudi, l'auteur de l'attaque étant un lycéen de l'établissement scolaire.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC