Coran brûlé dans une mosquée: "Quand on dit que les musulmans sont le problème, on met une cible"

Un homme "psychologiquement fragile" a été interpellé après un nouvel acte islamophobe, à Villeurbanne (Rhône). L'homme était recherché après s'être introduit dans la mosquée Errahma vers 4h ce lundi matin, pour voler puis brûler un Coran avant de prendre la fuite.
Cet épisode qui intervient quelques jours après le meurtre d'Hichem Miraoui dans le Var samedi et celui d'Aboubakar Cissé dans une mosquée fin avril, inquiète sérieusement les fidèles de la mosquée que RMC a pu rencontrer.
Les yeux un peu dans le vide, la voix tremblante, à la sortie de la prière mardi soir, les fidèles de la mosquée Errahma traînent leur peine: "Ça fait vraiment mal au cœur", "c'est lâche, venir à 4h du matin, brûler un Coran, ça ne se fait pas".
"Les anciens ne sont pas sereins"
Tous le répètent, cette mosquée est un lieu de paix, de tranquillité. Mais Sami sent bien que quelque chose à changer depuis que cet exemplaire du Coran a été brûlé: "Les anciens ne sont pas serein, ils viennent tôt le matin pour prier".
Pour rassurer les fidèles, une personne supplémentaire, bénévole, sera mobilisée tous les matins pour ouvrir les portes de la mosquée. Une autre pourrait aussi être chargé de surveiller les alentours pendant les prières.
"C'est beaucoup d'amertume quand même", déplore Saber qui fréquente cette mosquée depuis toujours "C'est un fruit de la société, ouvert, multiculturel qui se parlait, se connaissait et aujourd'hui à 40 ans, je me dis qu'il faut faire le deuil de ça et c'est triste".
Les fidèles en appellent à la responsabilité des politiques
Mais cette violence n'étonne malheureusement pas le secrétaire de la mosquée, Nabil Bouslama: "Quand on commence à libérer la parole publique en disant que les musulmans c'est le problème, qu'on dit 'à bas le voile' (comme l'a fait Bruno Retailleau en meeting le 26 mars, ndlr), et bien on met une cible dans le dos des gens. Ce n'est qu'un Coran mais si demain on attente à la vie des gens, que va-t-il se passer?", s'inquiète-t-il.
Comme tous les fidèles de la mosquée, il en appelle donc à la responsabilité des personnalités politiques.
"Tous ceux qui ont suscité la haine contre des musulmans, et bien ça prend forme", déplore également le président du conseil des mosquées du Rhône Kamel Kabtane, également recteur de la grande mosquée de Lyon. "Il est temps que le président de la République et le gouvernement s'expriment sur la question parce que l'inquiétude gagne de plus en plus".