RMC
Faits divers

Cycliste tué par un chauffard en Lamborghini de location à Avignon: "On ne voit jamais la police"

placeholder video
A Avignon, ce dimanche, un cycliste de 51 ans a été mortellement percuté par le conducteur d’une Lamborghini de location. Le permis de conduire du chauffard, âgé de 25 ans, déjà connu des services de police pour trafic de stupéfiants et qui a fui après l’accident, était suspendu.

Drame à Avignon, ce dimanche. Vers 13h, un cycliste de 51 ans a été mortellement percuté par une voiture de sport, une Lamborghini, sur la rocade. Le conducteur de la supercar de location, âgé de 25 ans, a pris la fuite après l’accident, avec sa demi-sœur de 16 ans. Il s’est ensuite rendu à la police quelques heures plus tard et sa passagère a été interpellée à son domicile. Selon Le Parisien, le suspect est déjà connu des services de police pour trafic de stupéfiants et son permis de conduire était suspendu jusqu’à la fin de l’année 2024. Le choc avec le cycliste a été très violent.

"Ça me n’étonne pas, confie Sébastien, habitant d’Avignon, dans Les Grandes Gueules sur RMC. Ce qui devait arriver est arrivé, malheureusement. Depuis une douzaine d’années, je vois Avignon qui se dégrade, avec de plus en plus d’insécurité, d’incivilité. On retrouve souvent les mêmes personnes qui ne respectent pas les feux tricolores, qui déboitent sur la gauche… Ça devient un calvaire. Ce week-end, j’ai vu un jeune faire un wheeling en face de nous. Hier matin, au feu en bas de chez moi, une voiture déboite et grille le feu rouge. Le problème, c’est qu’on ne voit jamais la police. En centre-ville, si vous êtes une fille, passé minuit, je vous déconseille de rentrer seule."

Un conducteur de Lamborghini, sans permis, tue un cycliste - 03/09
Un conducteur de Lamborghini, sans permis, tue un cycliste - 03/09
28:52

"Souvent des jeunes qui font de l’argent pas très légalement"

Mais comment ce conducteur de 25 ans, dont le permis de conduire était suspendu, a-t-il pu louer une voiture, et en l’occurrence une telle bête de course? "Il s’agit d’un véhicule de sous-location, explique Julien, ancien loueur de voiture, sur RMC. Cette voiture est immatriculée en Allemagne. C’est un loueur français qui va la louer en Allemagne. Ce sont en général des contrats de six mois à un an, voire deux ans. C’est un loyer aux alentours de 5.000 euros par mois. Après, vous pouvez la sous-louer. Pour un week-end, ça se loue 2.500 euros."

"On demande le permis de conduire et la caution, qui est de 15.000 à 20.000 euros pour un véhicule comme celui-ci. Et les cautions sont données en espèces, 80% du temps, assure cet auditeur de Rhône-Alpes. La clientèle, il ne faut pas se le cacher, ce sont souvent des jeunes qui font de l’argent pas très légalement et qui veulent profiter. Ce sont souvent des jeunes qui s’amusent à faire des rodéos et des chasses avec la police."

"Tout le monde peut se faire berner, ajoute Julien. Le jeune qui va venir récupérer la voiture, qui sera peut-être très bien, ce n’est pas lui qui va conduire la voiture le week-end. C’est le gros problème des loueurs. Ça m’est très régulièrement arrivé. J’ai eu aussi de gros accidents. Souvent, le conducteur n’était pas le titulaire du contrat. Il y a eu des accidents corporels. On n’a pas eu de mort, on a eu des blessés. Mais c’est la raison pour laquelle j’ai vendu mon activité."

"La moto était découpée en deux"

Jocelyn, lui, a été gravement blessé dans un accident de la route il y a deux ans en Bretagne. "J’ai vécu un peu la même chose avec ce genre de comportement, explique-t-il. Je m’en suis sorti, je sais que j’ai eu beaucoup de chance. C’était le 20 août 2022. Je venais d’acheter une moto, je faisais une balade avec mon beau-fils. En sortant d’un village, il y a un jeune en voiture qui rentrait du boulot et doublait sans visibilité. Je l’ai vu arriver au dernier moment, on l’a pris de face. La moto était découpée en deux. Mon beau-fils a le souvenir de tout, il avait 16 ans à l’époque, c’est un peu l’horreur de voir tout ça. Il roulait à 110 km/h alors que c’était une zone d’amorce avant de passer à 70 km/h dans le bourg. Il aurait dû ralentir, mais pas du tout."

Cet auditeur garde des séquelles, deux ans après. "Le conducteur, lui, a été condamné à 8 mois avec sursis et il a fait appel, indique Jocelyn. Il y avait défaut de contrôle technique, défaut de carte grise. Il a eu les amendes pour dépassement dangereux. Il a eu son code à repasser, mais pas le permis. Il a eu six mois d’interdiction de véhicule. On m’a dit que 8 mois de sursis, c’était déjà très lourd. Je ne suis pas allé au procès. Ma femme est revenue désarmée parce qu’elle l’a vu rire. On a bien vu qu’il n’avait pas compris."

Laurent Picat Journaliste RMC