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Police-Justice

Viols de Mazan: le procès s'ouvre lundi à Avignon, 51 hommes sur le banc des accusés

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Pendant 10 ans, un retraité a recruté des inconnus sur internet pour violer son épouse, après l'avoir droguée. Prévu pour quatre mois, le procès dit des viols de Mazan s'ouvre ce lundi 2 septembre à Avignon. 51 hommes comparaissent.

Demain s'ouvre un procès sans précédent à Avignon, celui de 51 hommes accusés de viols aggravés. Au coeur de cette affaire, un retraité qui a drogué son épouse pendant près de 10 ans pour la violer et la livrer inconsciente à des inconnus. Cela aurait pu continuer si cet homme n'avait pas été interpellé en septembre 2020 pour une autre affaire.

Des vidéos retrouvées sur l'ordinateur

Il est surpris par un vigile en train de filmer sous les jupes des clientes d'un supermarché. Les policiers ont alors l'intuition qu'ils ont face à eux un prédateur sexuel. Ils perquisitionnent son domicile et retrouvent dans son ordinateur des centaines de vidéos de viols. Toujours la même victime, inconsciente. Elle est rapidement identifiée.

Il s'agit de son épouse. Elle ne se doute de rien. Elle apprend de la bouche des enquêteurs qu'elle subit des viols dans son sommeil depuis plusieurs années. Elle pourra enfin trouver une explication aux symptomes, trous de mémoires et douleurs dont elle souffrait.

Soumission chimique

Les enquêteurs vont mettre à jour un mode opératoire qui repose sur la soumission chimique. Le mari avait tout prévu, d'abord le dosage nécessaire pour que son épouse soit inconsciente quelques heures. Ensuite, il recrutait des hommes sur le site de rencontre coco (depuis fermé, NDLR) dans un salon de discussion intitulé "À l'insu" pour la violer.

Les consignes étaient claires. Venir de nuit, sans parfum ni odeur de cigarette. Les hommes devaient se déshabiller hors de la chambre à coucher, ne pas faire de bruit et sortir au moindre mouvement ou signe d'éveil de la victime. L'un des accusés a attendu 1h30 sur un parking que les somnifères fassent effet. Aucun des accusés n'a renoncé à violer la victime en la découvrant inconsciente. Aucun n'a dénoncé les faits à la police ou à la justice.

Des accusés insérés socialement, mariés, pères de famille...

Le plus jeune n'avait que 22 ans et est retourné au moins cinq fois chez la victime. Le plus âgé a aujourd'hui 74 ans. Deux hommes sont morts depuis les faits, dix autres n'ont pas été identifiés. Il y a un pompier, un chauffagiste, un ex-militaire, un chauffeur de poids lourd à la retraite. Ils sont mariés, pères de famille, insérés.

À l'exception de deux accusés déjà condamnés pour viols, les autres n'avaient jamais eu a faire à la justice pour des violences sexuelles. L'instruction a permis de révéler que sept accusés consultaient des images pédopornographiques et ils seront également poursuivi pour ça.

Un procès public

Certains reconnaissent les faits et expriment des regrets pour la victime. Ils sont peu nombreux. La majorité se cache derrière le mari. Comme s'il y avait une délégation du consentement. Certains prétendent avoir participé à un scénario dans lequel la victime jouait un rôle. Ils accusent le mari de les avoir instrumentalisés.

La victime, elle, assistera au procès, avec ses enfants, qui se sont également constitués parties civiles. Sa fille, Caroline Darian, a fait de la lutte contre la soumission chimique un combat à travers l'association "M'endors pas".

La victime souhaite aujourd'hui que cette audience soit publique. Demain, elle va voir ces hommes accusés de l'avoir violée pour la première fois. Et eux devront pour la première fois soutenir son regard.

Une autre victime

Il est question d'une seule victime ce n'est pas tout à fait vrai. Il y a une deuxième victime dans ce dossier, l'épouse d'un des autres accusés, qui a reproduit le même mode opératoire en droguant son épouse pour la violer avec le principal accusé. Elle n'a pas souhaité se constituer partie civile pour le moment.

Marion Dubreuil