"Elle avait perdu 10 kilos en 3 semaines": une mère retrouve sa fille de 14 ans dans un camp de crack après une fugue
Le 17 janvier dernier, à seulement 14 ans, Endy fugue du domicile de ses parents à Saint-Brieuc, dans les Côtes-d'Armor. C'est finalement à 450 kilomètres qu'elle sera retrouvée par ses parents, près d'un mois après son départ, dans un campement de toxicomanes de la Porte de la Villette à Paris.
"Nous l'avons localisée grâce à des associations sur place. Elle était soulagée de nous voir, elle n'a pas réagi dans la violence, elle est plutôt venue vers moi", raconte ce jeudi dans "Apolline Matin" sur RMC sa mère Marine, qui raconte que ce n'est pas la première fugue de l'adolescente. "Elle avait perdu 10 kilos en 3 semaines. Dans ces camps, ils ne mangent pas à leur faim, ils vivent dans des conditions d'hygiène catastrophiques, dans des tentes. On imagine mal les conditions dans lesquelles ils vivent, en plein Paris".
"Elle a basculé dans le crack en août 2020. J'étais déjà allée la chercher à Paris en décembre 2020. Quand on est parent, on n'arrive pas à accepter que son enfant prenne de tels produits. Elle est actuellement en sevrage à Saint-Brieuc, où c'est plus difficile de se procurer du crack", ajoute Marine.
Selon elle, Endy aurait commencé par consommer du cannabis avant de prendre de la cocaïne et du crack. Sa mère blâme son utilisation des réseaux sociaux dès 11 ans, mais également ses mauvaises fréquentations et son entrée au collège "qui a tout perturbé", la poussant vers la drogue.
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"Il y a beaucoup de jeunes de toutes catégories sociales et de toutes origines dans ces camps"
Pour retrouver sa fille après sa fugue, Marine a pu compter sur des associations et des centres alimentaires qui travaillent sur place et qui l'ont repérée. Une lourde tâche alors que la jeune fille se faisait passer sur place pour une ressortissante algérienne et était connue de la police sous un faux nom.
"La police nous avait dit que c'était dangereux de s'y rendre, mais on a quand même décidé d'y aller. Si une gamine de 14 ans arrive à vivre dans un tel endroit, moi sa mère je peux aller la chercher. Sur place, avec une patrouille de police, nous l'avons croisée en train de sortir de sa tente. C'était très simple parce qu'on savait où elle était, qu'on a été aidé sur place par des associations et aussi par les forces de l'ordre".
"J'ai retrouvé Endy avec une autre jeune de 18 ans. Quand ils sont mineurs, on a encore une capacité à les protéger mais une fois qu'ils sont jeunes adultes, c'est très compliqué. Il y a beaucoup de jeunes de toutes catégories sociales et de toutes origines dans ces camps", ajoute Marine.
Aujourd'hui, Endy est hospitalisée dans un hôpital psychiatrique près de Saint-Brieuc. Elle doit y rester trois semaines pour stabiliser son traitement. Elle doit ensuite intégrer un établissement spécialisé en Haute-Normandie, au sein d'une unité destinée aux jeunes dans ces situations: "Je suis contente de l'avoir ramenée. Le combat va être difficile, je suis fatiguée mais je ne lâche pas, pour elle et pour d'autres. Je ne sais pas pourquoi les parents ne viennent pas chercher leurs enfants là-bas. Peut-être qu'ils ont honte ou qu'ils ne peuvent pas. Il y a des frais pour se déplacer et il faut du temps, j'ai moi-même dû arrêter mon travail pour m'occuper d'elle", conclut Marine.
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