"Il faut faire miséricorde": condamné pour viol sur mineur, un prêtre promu par l'archevêque de Toulouse

Un prêtre condamné pour le viol d’un mineur a été promu chancelier par l’archevêque de Toulouse. Les victimes sont en colère, les catholiques sont scandalisés et même un évêque s’est dit atterré par cette nomination.

Une nomination qui fait scandale. Un prêtre condamné pour viol sur mineur il y a 20 ans, a été promu début juin par l’archevêque de Toulouse. Tout commence au début du mois de juin quand l'archevêque de Toulouse Guy de Kerimel nomme chancelier du diocèse et délégué épiscopal aux mariages, un prêtre condamné pour viol sur mineur en 2006.

Depuis les Catholiques n’en finissent pas de s’indigner mais l’archevêque rétorque que le prêtre a purgé sa peine.

Ce prêtre, c'est Dominique Spina. Dans les années 90, c’est un prêtre du diocèse de Bayonne, le diocèse de Notre-Dame de Bétharram. Un lycéen de l’établissement veut devenir séminariste. Le père Carricart, dont on apprendra plus tard que c’est un des principaux violeurs de Bétharram présente donc cet adolescent de 16 ans à Dominique Spina qui est en charge des vocations. Dominique Spina a 32 ans à l’époque, il devient son directeur spirituel et il va abuser de cet adolescent pendant 2 ans, entre 1992 et 1994.

Soutenu par ses pairs lors du procès

Il sera condamné à 5 ans de prison dont 4 fermes en 2006 pour viols et agression sexuelle. Il avait d’abord reconnu les faits avant de se rétracter sur les viols. Les expertises psychiatriques de l’époque parlent "d’une absence de sentiment de culpabilité et d’une structure de personnalité perverse".

Le procès sera particulièrement douloureux pour la victime alors que l’évêque de Bayonne de l’époque et une dizaine de prêtres viendront soutenir Dominique Spina.

19 ans plus tard, l’archevêque de Toulouse décide de nommer Dominique Spina chancelier du diocèse. Il estime qu’il a purgé sa peine qu'"il faut faire miséricorde à un prêtre qui a péché gravement il y a 30 ans et qui depuis fait preuve d’abnégation et d’intégrité".

Le dossier compliqué par Berengère Bocquillon : Un prêtre condamné pour viol nommé à Toulouse - 23/07

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"Ne pas faire miséricorde, c’est le condamner à une mort sociale, c’est rétablir une forme de peine de mort", ajoute l’archevêque dans un communiqué. Des propos qui ont scandalisé la victime.

Le titre de chancelier du diocèse est une fonction administrative, sans contact avec des mineurs, mais c’est quand même un titre important. Et puis surtout, le code canonique prévoit que le chancelier soit "de réputation intègre et au-dessus de tout soupçon". Jusqu’à aujourd’hui Dominique Spina, était affecté, discrètement, au service des archives.

"L'Eglise protège les prédateurs"

Cette promotion a provoqué la colère des associations de victimes mais aussi d’un évêque. Dix collectifs de victimes, dont celui de Notre-Dame de Bétharram, se sont indignés et dénoncent un manque de respect flagrant envers les victimes et leurs familles".

Après le rapport de la Ciaise, la Commission sur les abus sexuels dans l’Eglise, en 2021, cette affaire relance l’idée que "l’Eglise protège les prédateurs et va jusqu’à les promouvoir", explique ces collectifs de victimes.

Mais c’est aussi un évêque qui a réagit mardi, Monseigneur Hervé Giraud, évêque de Viviers en Ardèche, "J’ai tout de suite pensé aux victimes", dit-il. "Après tant d’années de prise de conscience de l’Eglise, comment peut-on encore nommer un prêtre coupable à un tel poste".

Et quand on lui demande quoi faire d’un prêtre qui a été condamné, il rappelle qu’il peut très bien prendre un emploi ordinaire comme n’importe quel citoyen.

Bérengère Bocquillon