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Incendie en Alsace: pourquoi la piste d'un "feu couvant" est priviligiée par les enquêteurs

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L'enquête pour comprendre ce qu'il s'est passé à Wintzenheim en Alsace mercredi matin a débuté. Si l'origine de l'incendie qui a fait 11 morts n'est pas encore identifiée, les enquêteurs privilégient la piste d'un feu couvant, c'est-à-dire un feu qui a pris à l'intérieur des matériaux.

Au lendemain de l'incendie dans un gîte de Wintzenheim en Alsace qui a fait onze morts, arrive le temps de l'enquête. Pour l'instant, l'origine du sinistre n'est pas identifiée. Le bâtiment éventré par l'incendie était une ancienne grange de 500 m2, avec deux étages et des combles, qui avait été rénovée il y a quelques années.

Vingt-huit personnes se trouvaient sur place au moment du sinistre, a indiqué le secrétaire général de la préfecture du Haut-Rhin, Christophe Marot. La procureure a indiqué mercredi que la piste d'un feu couvant est privilégiée. La première incertitude, c'est l'origine du départ de l'incendie.

Pour le lieutenant-colonel Hauwiller, en charge des opérations de secours mercredi, la structure de ce gîte a pu favoriser une propagation rapide des flammes.

“Il est probable que le feu soit parti du 1er étage. On est sur de la structure type maison alsacienne donc en colombage avec du remplissage et du bardage bois”, indique-t-il.

Certaines pièces de bois, pourtant massives, ont quasiment disparu. Le parquet de Colmar privilégie la piste d'un feu qui aurait couvé, avant un embrasement intense, explique Franck Maillard de la Fédération des sapeurs-pompiers de France.

“Les volumes concernés par l’incendie, ce sont des volumes assez grands. Une fois que la fumée a rempli le volume, elle devient chaude et s’enflamme rendant impossible la fuite. On est sûr des températures de 600 degrés. Et après tout s’embrase”, détaille-t-il.

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"C’est un feu qui n’est pas forcément visible", explique un expert

Invité ce jeudi matin sur RMC, Boris Weliachew, architecte, expert des risques majeurs, confirme cette thèse d’un feu couvent. "Sur toutes les images qu’on a vues, les structures bois ont été calcinées en quelques minutes", note-t-il.

"Une poutre en bois ça se consume d’un centimètre par heure normalement, donc ça met très longtemps, or, là les bois sont complètement calcinés ce qui voudrait dire qu’ils étaient déjà consumés à l’intérieur", explique-t-il.

"C’est pour ça qu’on privilégie la thèse d’un feu couvant. C’est un feu qui n’est pas forcément visible, qui peut ne pas dégager de fumée. C’est de la braise qui est à l’intérieur du matériau elle-même. Ces feux couvant sont souvent la conséquence d’un problème électrique, mais ça peut aussi être autre chose”, précise-t-il.

Des normes de sécurité respectées?

Reste aussi à déterminer si le gîte était suroccupé. 28 personnes y logeaient, soit bien plus que les 20 couchages indiqués sur plusieurs sites Internet. Mais il y aurait en fait deux gîtes distincts, selon la vice-procureure de la République de Colmar.

“Il y avait deux groupes différents. C’est un bâtiment composé effectivement de deux gîtes, un au rez-de-chaussée, un au 1er étage”, indique-t-elle.

Des investigations sont en cours pour déterminer si le bâtiment répondait aux normes de sécurité nécessaire pour l'accueil des publics.

Kévin Gasser avec Guillaume Descours