RMC
Faits divers

L'abre planté à la mémoire d'Ilan Halimi a été abattu, une enquête est ouverte

Hommage à Ilan Halimi le 13 février 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, en Essonne, deux jours après que deux arbres plantés en son honneur y ont été vandalisés

Hommage à Ilan Halimi le 13 février 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, en Essonne, deux jours après que deux arbres plantés en son honneur y ont été vandalisés - Bertrand GUAY © 2019 AFP

L'abattage à Epinay-sur-Seine d'un olivier planté en hommage à Ilan Halimi, jeune Juif torturé à mort en 2006, a fait réagir vendredi. Une enquête a été ouverte et une plainte déposée par la mairie.

L'arbre, qui avait été planté en 2011 à Epinay-sur-Seine en hommage à Ilan Halimi, jeune Français juif séquestré et torturé à mort en 2006 par le "gang des barbares", a été sectionné dans la nuit de mercredi à jeudi.

Une enquête a été ouverte, a déclaré à l'AFP Julien Charles, préfet de Seine-Saint-Denis, présent ce vendredi 15 août à Epinay-sur-Seine aux côtés du grand rabbin de France Haïm Korsia. Le maire d'Epinay-sur-Seine avait porté plainte dès jeudi pour dégradation de bien public, selon une source policière.

"Extrêmement douloureux"

Emmanuel Macron a, lui, promis l'"intransigeance" face à l'antisémitisme après l'abattage de cet arbre. "Abattre l'arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c'est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n'en sera rien: la Nation n'oubliera pas cet enfant de France mort parce que Juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine", a écrit le chef de l'Etat sur X.

Le représentant de l'Etat a jugé "important" de se rendre là où l'olivier a été abattu "pour dire (...) que l'enquête aboutira, qu'on réussira à identifier l'auteur de ces faits, qu'il sera traduit devant la justice".

Tandis que le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Yonathan Arfi, a dénoncé vendredi auprès de l'AFP "une réaffirmation violente" de l'antisémitisme.

"Cette réaffirmation violente de l'antisémitisme à la face de la société est quelque chose d'extrêmement douloureux", a déclaré M. Arfi. "Il n'y a rien de plus lâche et les assassins de sa mémoire ne valent pas mieux que ceux qui lui ont pris la vie il y a vingt ans."

"J'ai ressenti à la fois une stupeur et une colère", a rapporté M. Arfi. "Ce n'est pas seulement un acte antisémite de plus, c'est une manière pour les antisémites de venir hurler qu'ils sont là plus que jamais."

"Haine antisémite"

L'arbre, qui avait été planté en 2011 à Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, a été sectionné probablement à l'aide d'une tronçonneuse dans la nuit de mercredi à jeudi. Il a été constaté jeudi par des agents de l'établissement public territorial Plaine Commune, dont Epinay-sur-Seine fait partie.

L'olivier avait été planté en 2011 au jardin d'Alcobendas de cette commune de Seine-Saint-Denis située à une dizaine de kilomètres au nord de Paris. Vendredi, le tronc de l'olivier apparaissait sectionné juste au-dessus de la plaque commémorative portant le nom d'Ilan Halimi.

"L'arbre pour Ilan Halimi, vivant rempart contre l'oubli, a été fauché par la haine antisémite", avait réagi dans la matinée sur X le Premier ministre François Bayrou, tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a dit sur X éprouver "dégoût et colère".

D'autres responsables politiques, de tous bords, ont exprimé leur émotion et leur réprobation après cet acte, alors que la communauté juive est confrontée à une très forte hausse des faits antisémites depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.

Eric Coquerel, député LFI de la circonscription, a notamment dénoncé un acte antisémite "abject". A droite, Eric Ciotti, patron de l'UDR alliée au Rassemblement national, y voit "un abominable symbole de l'explosion de l'antisémitisme dans notre pays".

Enlevé et séquestré en 2006

Deux autres arbres plantés en hommage à Ilan Halimi, dont l'un portait sa photo, avaient été vandalisés et sciés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, où il avait été retrouvé agonisant au bord d'une voie ferrée. D'autres arbres avaient été replantés. Mathieu Hanotin, président de Plaine Commune, s'est aussi engagé à le faire à Epinay "dans les meilleurs délais".

Ilan Halimi, 23 ans, avait été enlevé, séquestré et torturé en janvier 2006 par un groupe d'une vingtaine de personnes qui se faisaient appeler "le gang des barbares", sous la direction de Youssouf Fofana.

Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures, à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l'hôpital un peu moins d'un mois plus tard. Son calvaire avait suscité une vive émotion dans le pays.

Solenn Guillanton avec AFP