"L’Etat doit envoyer les militaires": des Marseillais dénoncent l'impunité des trafiquants

Les trafics de drogue ont fait au moins 17 morts depuis le début de l'année à Marseille. Lundi, un homme de 63 ans a été tué dans le quartier de la Busserine. Il jouait aux cartes avec des amis et serait considéré comme une victime collatérale d'une fusillade par les enquêteurs. La veille, le 23 avril, un jeune de 19 ans a été tué. Il se trouvait dans le hall d'un immeuble de la cité du Mail, également dans le 14e arrondissement de la cité phocéenne.
Des fusillades et des règlements de comptes qui se multiplient. Et pourtant, les enquêtes, elles, sont au point mort. Il y a très peu d’arrestations et les assassinats continuent. La population dénonce l’impunité dont bénéficient les trafiquants et pose la question du maintien de l’ordre.
Laetitia Linon, membre du Collectif des familles de victimes, a perdu son neveu, tué par balles il y a bientôt deux ans.
“A l’heure d’aujourd’hui, il n’y a pas eu d’arrestation. Il n’y a donc pas eu d’élucidation. Le dossier est toujours en cours d’instruction. On a de plus en de mal de dire aux familles que la justice fera tout pour arrêter les assassins. C’est compliqué”, indique-t-elle.
"Il y a trop d’armes qui circulent"
Elle insiste, en précisant qu’on ne peut pas dire que la police ne fait pas son travail. “Il faut leur donner les moyens, ils en ont besoin. Ok, il y a la CRS 8 qui est venue à Marseille. Ils sont spécialisés dans ce qu’ils font, mais ils ne peuvent pas être partout à la fois, dans tous les quartiers. Ils sont 200, ils ne sont pas 2.000”, pointe-t-elle.
La CRS 8, compagnie spécialisée dans les violences urbaines, n'est plus à Marseille aujourd’hui. Pour Abder, qui vit dans les quartiers Nord, la police ne suffit plus.
“Ils n’ont servi à rien. Ils ont mis des amendes, c’est cool, mais il faut passer à une étape supérieure. L’Etat doit envoyer les militaires en réalité. Il y a trop d’armes qui circulent. Là, on est arrivé à un point où ce n’est plus du règlement de comptes, c’est du terrorisme”, dénonce-t-il.
La maire des 13e et 14e arrondissements de Marseille demande aujourd’hui au préfet l’organisation d’une conférence d’urgence pour Marseille et contre la drogue.