"Le juif au four": victime d’antisémitisme et d'homophobie dans son village, Jean appelle à l'aide

“J’ai fait deux tentatives de suicide, je suis à bout”: voici les mots écrits par Jean. Ce dernier vit un calvaire depuis deux ans, qui a pris une tournure encore un peu plus dramatique depuis l’attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre.
Jean est juif. Il habite Bizanet, un village de 1.700 habitants dans l’Aude. Il y a une semaine, il a découvert sa voiture recouverte de tags de croix gammées. Et ce n’est qu’un épisode de plus des agressions qu’il subit au quotidien.
"Prisonnier d'un village qui me déteste"
“J’ai subi des tirs de mortiers, des insultes, du lynchage, j’ai été tabassé dans un guet-apens. Ma boîte aux lettres, ma maison, et ma voiture ont été criblées de croix gammées et d’insultes clairement antisémites du type: ‘le juif au four, heil Hitler'. Pourquoi est-ce que je subis tout ça ?”, questionne-t-il.
Et Jean est également victime d’homophobie. En deux ans, il a déposé une quinzaine de plaintes.
“Je n’arrive pas à vendre ma maison et je suis prisonnier d’un village qui me déteste. J’ai la peur au ventre. Dès qu’il y a un bruit dans la rue, je sursaute. Aujourd’hui, j'ai peur qu’on s’en prenne à moi gratuitement”, relate Jean.

Du côté de la justice, une instruction est en cours. Mais le temps judiciaire est long, et en attendant, Jean n’est pas protégé. Il a fait appel à ses élus, restés sourds à sa détresse. Des associations l’accompagnent psychologiquement, mais c’est insuffisant.
“Je suis très déçu par mon gouvernement et par la justice qui laisse faire des trucs pareils. Peut-être qu’on attend que je sois mort pour réagir… Mais je ne suis pas mort et puis je vais me battre jusqu’au bout”, conclut-il.
Le maire minimise, la ministre se mobilise
“RMC s’engage avec vous” a contacté le maire de Bizanet, Alain Vialade. Il affirme que Jean n’a jamais cherché à le rencontrer. Mais la rédaction sait que c’est faux.
Il minimise par ailleurs les problèmes récurrents de tags antisémites dans sa commune. RMC a donc contacté le député Frédéric Falcon, élu Rassemblement National de la circonscription, qui n’a pas non plus été particulièrement ému par la situation que traverse Jean.

C’est donc directement au gouvernement que RMC a fait remonter son cas. Et c’est la ministre chargée de la lutte contre les discriminations qui a répondu: “Je suis choquée”. Bérangère Couillard assure qu’elle sera “toujours du côté des victimes”.
Alertée par notre cellule, elle suit désormais la situation de Jean de très près, en lien avec la sous-préfecture de Narbonne. La ministre rappelle également au maire de Bizanet qu’il lui appartient de “faire retirer tout propos incitant à la haine, à la violence ou à la discrimination” et de “combattre le racisme et l’antisémitisme”. Avant de conclure: “l’impunité ne peut pas l’emporter”. Jean n’est donc plus seul désormais dans son combat.
Pour rappel, depuis le 7 octobre et l’attaque du Hamas en Israël, 501 faits d’antisémitismes ont été recensées en France, conduisant à 259 interpellations.