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Les morts par noyade bondissent: "On n’est pas plus fort que la mer, il faut rester humble"

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Entre le 1er juin et le 23 juillet, 193 décès par noyade ont été recensés en France, un bond de 45% par rapport à l'an dernier sur la même période. "Se baigner dans la zone limitée, c’est la règle numéro 1", rappelle ce samedi sur RMC la présidente de l'association Sea Lou.

Les morts par noyade ont bondi depuis le début de l'année par rapport à l'année dernière, sur la même période. Environ 200 personnes, dont 27 enfants et adolescents, ont perdu la vie par noyade en moins de deux mois en France. Entre le 1er juin et le 23 juillet, 193 décès par noyade (sur 702 noyades enregistrées au total) ont été recensés dans l'Hexagone et en Outre-mer. Cela représente un bond de 45% comparé à la même période de l'an dernier, où 133 morts avaient été comptabilisées, détaille l'agence sanitaire.

Les fortes chaleurs font affluer les gens vers les sites de baignade

Santé publique France constate les fortes températures ont "entraîné un afflux des populations vers les sites de baignade pour se rafraîchir". De plus, le risque de noyade lors de baignades en milieu naturel, cours d'eau, plans d'eau ou mer, lorsque les sites ne sont ni aménagés ni surveillés "est réel et augmenté en cas de consommation d'alcool", rappelle Santé Publique France.

Près de la moitié (47%) des noyades mortelles survenues depuis le 1er juin ont eu lieu dans quatre régions: Provence Alpes-Côte d'Azur, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes.

"On n'est pas plus fort que la mer. Il faut rester humble face aux éléments. Se baigner dans la zone limitée de baignade, c’est la règle numéro 1. Et pour les jeunes qui vont picoler le soir: c’est strictement interdit", rappelle au micro de RMC Géraldine Desqueyroux-Quidu, présidente de l'association Sea Lou, qui fait de la prévention de la noyade et de sensibilisation aux dangers des baïnes de la côte Atlantique.

Globalement, les noyades suivies de décès ont été enregistrées d'abord en mer (79), devant les cours d'eau (58), les plans d'eau (30) et les piscines privées (24).

Les jeunes fortement touchés

Celle-ci a perdu son fils de 21 ans, en 2017 et selon elle, la prévention a du mal à fonctionner, justement, chez les parents. Des flyers sont notamment distribués pour raconter l'histoire de son fils. "Ce sont souvent les parents qui sont les plus réfractaires à ces messages de prévention. C’est la peur de perdre son enfant qui déclenche cette réaction", considère-t-elle.

"Les enfants, les ados, les jeunes, eux, sont beaucoup plus réceptifs. Ils écoutent cette histoire parce qu’elle leur parle — parce que c’est un jeune comme eux", poursuit Géraldine Desqueyroux-Quidu.

Si cette hausse des noyades mortelles a concerné toutes les classes d'âge, les adolescents sont fortement touchés: 27 enfants et adolescents ont perdu la vie en 2025 contre 15 en 2024, et 30% des jeunes noyés (13 à 17 ans) sont décédés, contre 13% sur la même période de l'an dernier.

"Urgence de santé publique"

Selon le ministère des Sports cité par Le Parisien, "plus de 70.000 enfants ont suivi" le plan de Roxana Maracineanu, ex-championne du monde de natation et ancienne ministre des Sports, "Aisance aquatique et savoir nager en sécurité." "Le mouvement est en route, assure Roxana Maracineanu. Maintenant, il faut l’étendre aux adultes et aux personnes âgées. Cela devient une urgence de santé publique", dit-elle. Les champions olympiques Alain Bernard et Florent Manaudou lancent d'ailleurs un appel pour l'adoption d'un plan piscine et l'amélioration de l'apprentissage de la nage.

Autre problème évoqué dans le quotidien francilien, la pénurie de maîtres-nageurs. " Il en manque 5 000 !", selon Axel Lamotte, comité directeur de la Fédération française des maîtres nageurs sauveteurs. "Le milieu naturel recèle parfois des pièges, malgré tous les bien-être qu'on peut avoir dans l'eau", rappelait-il en mai dernier sur Franceinfo. Ce dernier recommandait par ailleurs de "toujours se baigner à deux".

Léo Manson avec Matthias Luguin