RMC
Faits divers

Migrants: "Tout le monde les laisse passer pour aller se noyer", dénonce la maire de Calais

placeholder video
La crise migratoire a connu un nouveau drame ce week-end à Calais avec la mort de huit exilés qui tentaient de rejoindre la Grande-Bretagne. Pour éviter de nouveaux drames, la maire de Calais Natacha Bouchard appelle le gouvernement à rétablir le délit de séjour irrégulier, veut ouvrir de nouveaux centres d'accueil et demande au Royaume-Uni de réviser son droit du travail, ce mardi sur RMC-BFMTV.

Un nouveau drame des exilés. Dans la nuit de samedi à dimanche, huit personnes sont mortes en tentant de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre depuis la France. Deux semaines auparavant, 12 personnes sont mortes déjà en tentant de traverser la Manche.

"On pensait, depuis le démantèlement de la jungle de Calais, que la crise migratoire était passée", déplore ce mardi sur RMC et BFMTV Natacha Bouchard, la maire de Calais qui voit les candidats à l'exil défiler toujours plus nombreux, quitte à risquer leur vie. "Les moteurs des embarcations ne sont pas assez puissants, ils sont 46 depuis le début de l'année à être décédés. La mer semble d'huile mais elle est dangereuse", prévient l'élue.

Pour empêcher de nouveaux drames, il faut lutter contre les passeurs et leurs réseaux qui organisent les traversées de la Manche, selon Natacha Bouchard. "On a aujourd'hui jusqu'à 2.000 exilés sur notre territoire. On a plusieurs squats encadrés par les passeurs qui préparent les futurs naufragés et organisent plusieurs points de départ pour faire partir ces bateaux de fortune", explique la maire de Calais.

Face à Face : Natacha Bouchart - 17/09
Face à Face : Natacha Bouchart - 17/09
20:17

De 5000 à 10.000 euros à payer pour traverser la Manche

Ces passeurs, ils sont connus et visibles de tous. "On voit des migrants arriver à la gare, des guetteurs les attendent. On n'a pas assez de moyens de lutter contre ces passeurs. C'est très organisé et ça coûte très cher", ajoute Natacha Bouchard, qui évoque de 5.000 à 10.000 euros pour traverser la Manche.

"On n'a pas suffisamment de moyens pour lutter contre ces passeurs. Depuis 15 jours, il y a un afflux supplémentaire de migrants venus de Paris, de Lille, de Dunkerque. Les autorités, tout le monde, les laissent passer et ils arrivent chez nous pour se noyer malheureusement", poursuit la maire de Calais.

Elle déplore également l'attitude du Royaume-Uni. "La Grande-Bretagne est et restera hypocrite. Elle considère que parce qu'elle négocie une enveloppe financière pour assurer la sécurité sur le port de Calais, elle fait son job. Nous à Calais, on vit cette situation au quotidien avec des exilés parfois violents", tacle Natacha Bouchard.

Fermeté, humanité et bras de fer

Elle estime que c'est le droit du travail anglais qui fait effet d'appel d'air. Car si les migrants souhaitent tenter la traversée, c'est que la situation sur la légalisation par le travail leur est favorable et bénéficie aux entreprises qui peuvent employer une main d'œuvre peu coûteuse et corvéable.

"Tant que les Britanniques ne toucheront pas à leur problématique du droit du travail, l'appel d'air continuera", ajoute Natacha Bouchard.

Pour régler la situation et empêcher de nouveaux drames, la maire de Calais veut de la fermeté "avec le rétablissement du délit de séjour irrégulier", de l'humanité "avec la création de lieux d'accueil humanitaire" et le bras de fer "avec les Britanniques et la révision du droit du travail".

G.D.