"On passe directement à l’exécution": à Marseille, des victimes de fusillades de plus en plus jeunes

Un règlement de compte par semaine à Marseille depuis le début de l'année... C'est le rythme effréné de la guerre de la drogue dans la cité phocéenne. Après une nouvelle fusillade dans la nuit de mercredi à jeudi, dans le quartier de la Belle de Mai, une 15e victime a été recensée. Et il y a eu une cinquantaine de blessés, toujours en 2023. La procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, a dénoncé une dynamique particulièrement inquiétante et difficile à enrayer. Car de plus en plus de dealers veulent profiter de la manne financière du trafic de stupéfiants.
"N'importe qui peut faire venir du cannabis à Marseille. Ce qui est difficile, c'est de l'écouler", explique un policier. Ce sont 150 à 180 points de ventes que les dealers se disputent. Avec un chiffre d'affaires évalué à 80.000 euros par jour, la cité de la Paternelle, située au carrefour de deux autoroutes, est la plus en vue du moment.
Alors que les gros trafiquants sont installés à l'étranger, notamment à Dubaï ou au Maroc, où ils discutent affaires, les plus jeunes essaient de reprendre la main sur le terrain, y compris par les armes, pour intimider les autres, parfois de manière désorganisée. Et ce sont eux qui grossissent les rangs des victimes du trafic de stupéfiants à Marseille. Un ado de 16 ans décédé il y a deux semaines dans une fusillade, un jeune de 15 ans blessé par balle dans la nuit de mercredi à jeudi.
"Le rajeunissement des protagonistes a désinhibé la violence"
"Une partie des quartiers nord est vouée à cette vendetta, parce que les enjeux sont gigantesques, explique Eddy Sid, délégué syndical SGP Police FO à Marseille. Financièrement, c’est très intéressant pour ces narcotrafiquants de récupérer ces points de deal. Il y a aujourd’hui un rajeunissement des narcotrafiquants marseillais et d’autant plus dans les protagonistes de ces règlements de comptes, que ce soit chez les victimes ou les auteurs. Ils approchent de la vingtaine et on a souvent des mineurs, malheureusement. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, le rajeunissement de ces protagonistes a quelque part désinhibé la violence. Aujourd’hui, on passe directement à l’exécution. Du coup, les armes et le modus operandi sont beaucoup plus meurtriers qu’avant."